© Gilles Pinault
Galerie Ikono 47 rue Lesbroussart 1050 Bruxelles Belgique
Eva Kornblum (3ème année de photographie à l’ensav La Cambre)
Éthymologiquement, le paysage est l’agencement des traits, des caractères, des formes d’un espace limité d’un « pays ». Il s’agit d’une portion de l’espace terrestre observée à l’horizontale comme à la ver- ticale par un observateur.
Le paysage implique un point de vue. La surface de la terre est presque toujours regardée d’en haut selon une distance et un angle variables pour tenter d’aplatir toute profon- deur et faire disparaître toute perspective. Au sujet représenté il appelle aussi diverses questions : quel est ce lieux représenté ? Où le photographe s’est-il installé pour fixer l’image ? Quelle est la “nature” du sujet ? Ces questions deviennent des propositions auxquelles chacun va pouvoir répondre librement en fonction de sa sensibilité et du temps mis à voir l’image. Le traitement d’un sujet évident parce qu’existant naturellement, peut démontrer la complexité de toute interprétation, parce qu’elle est propre à chacun de nous.
© Eva Kornblum
Arnold Lebovics ( 5ème année de photographie à l’ensav La Cambre)
« Peut-être que je devrais tout photographier. Peut-être que ce tout serait quelque chose. Je pense que mon regard s’est constitué, lorsqu’enfant, vers mes 9 ans, je suis parti habiter à Prague avec mes parents. C’était autour de 1993. Cela a duré environ 4 ans. Cette période est pour moi comme un réser- voir de moments, de visions dans lequel je puise. Une matière brute que je digère, transforme, réinvente lorsque je photographie.
A la fin, il me semble déceler dans ce travail une certaine solitude, un certain rapport hermétique au monde. Comme si la réalité se dérobait devant mon oeil. Comme si, dans une sorte de rëve éveillé, il n’y avait plus de principe de non-contradiction.
Je considére ces images comme un assemblage d’histoires courtes fonctionnant par associations d’idées entre ce que je vois, et ce que cela m’évoque. Il y a des jeux et des souvenirs, il y a la mort. » Extrait de Sweet secret of sorrow
© Arnold Lebovics
Robin Jénicot ( 3ème année de photographie à l’ensav La Cambre)
Les images de cette série plongent le spectateur dans des espaces à la fois banaux et ennuyeux. En effet lors de la prise de vue le photo- graphe s’immerge dans une certaine lassitude qui lui permet d’errer dans divers lieux . Ce processus influence l’esthétique des différentes photographies ce qui leur donne une certaine autonomie.
Lorsque que l’on regarde l’entièreté de la série on se trouve face à un ensemble d’images qui nous enferme dans des espaces moroses. Le caractère insipide et l’indépendance de chaque photographie per- met aux spectateur plusieurs rapprochements possibles composant ainsi divers séries.
© Robin Jénicot
Michel Willain (architecte ancien élève à l’asbl contraste )
Depuis quelques années, nous avons accès à une nouvelle vision de nos environnements par un survol des lieux de vie, d’activités et de loisirs depuis nos ordinateurs. Qu’en est-il de ce que nous percevons à l’écran ou dans les « street views » qui peuvent accompagner notre perception d’une certaine réalité ? L’image est là mais le lieu observé, « vérifié » n’existe peut- être plus, n’est plus ou pas vraiment tel que perçu.
Cette liberté d’observer permet de multiples approches, allant de la curiosité du monde à l’enquête précise mais qui demandera toujo- urs une vérification sur site. On y prépare des voyages, certains y découvrent des vestiges dans des zones inacessibles du monde, d’autres surveillent la surpêche et parfois cela dérape avec des indi- cations erronnées ou modifiées.
La série interroge notre regard sur notre perception de la baie de Palerme. C’est bien la côte de Palerme mais aussi celle de tant d’autres villes portuaires. Le parcours suit un ruban de 300 à 500 m de large ponctué de lieux que nous pouvons traverser sans être interpellés ou, au contraire, sur lesquels nous pouvons nous attarder au gré des intérêts ou émotions perçues. Les découvertes se font au travers d’une alternance de photographies prises en juin 2011 et de captures d’images satellite qui de par leur cadrage spécifique sont déjà un acte photographique associé au lieu.
Dans le diaporama, chaque photographie peut être repérable, mais en même temps, aucune ne dit clairement où nous sommes. Que nous disent ces images, quelles sont leurs fonctions précises et jusqu’où cette endoscopie de nos modes de vie peut-elle aller, se développer, interagir sur nous et sur notre regard ?
© Michel Willain
Karin Ulmer ( Senior Policy Officer, élève à l’asbl Contraste)
Le travail ici présenté porte sur la thématique intérieur / extérieur. L’intérieur représente l‘intimité et la vie privée, l’extérieur représen- te l’espace dévoilé et public. L’intérieur, c’est la certitude de savoir où l’on est, l’absence de distraction. C’est un lieu protégé. L’extérieur, c’est l’espace qui représente la liberté, l’ouverture et l’infini sans res- triction. Bien que nous soyions attachés à l’un, nous désirons l’autre. Les notions de lieu intérieur et d’espace extérieur ont besoin l’une de l’autre pour se définir. Alors que nous nous trouvons à l’intérieur dans la sécurité et la stabilité, nous avons conscience de l’ouverture et de la liberté, mais aussi de la menace que représente l’espace extérieur, et vice-versa.
L’espace extérieur permet le mouvement, l’espace intérieur octroie une pause. (selon Yi-Fu Tuan (2008) Space and Place. The Perspective of Experience).
© Karin Ulmer
Gilles Pinault (directeur artistique, élève à l’asbl contraste)
Ailleurs. Ce projet parle de l’immersion mentale, cette capacité de notre esprit à se soustraire du lieu qui héberge notre corps. Il se présen- te sous la forme d’une série de mises en scène photographiques représentant une personne à l’esprit absorbé par divers artefacts tels qu’un livre, un téléphone portable, un ordinateur ou ce qui se passe derrière la fenêtre.
Pour elle, le monde physique qui l’entoure n’est plus qu’un décor inconsistant, ici, littéralement, un décor en carton.
« In Sight » permet à 6 étudiants en photographie de s’exprimer sur le thème du paysage, un partenariat entre l’école supérieure des arts visuels, La Cambre et l’atelier Contraste.
La Cambre, école supérieure des arts visuels et l’atelier de photographie Contraste présentent une exposition commune réunissant les travaux de 6 photographes sur le thème du paysage.
D’un côté, 3 étudiants d’une école supérieure des arts visuels de niveau universitaire qui ont choisi de faire de la photographie leur métier, et de l’autre, 3 adultes actifs dans des domaines professionnels très éloignés de la photographie, mais qui ont décidé de s’investir dans leur passion.
Tous partagent le même intérêt pour le paysage, qu’ils abordent sous différents aspects : dualité intérieur/ extérieur des espaces du quotidien, questionnement sur les différentes formes de représentation du territoire, perception psychologique de l’espace, exploration des limites entre réalité et fiction.
© Gilles Pinault