Grimaud © Ralph Samuel Grossmann, courtesy Galerie Nathalie Béreau
Musée de la Mer de Cannes Fort royal – Ile Sainte-Marguerite Cannes 06400 Cannes France
Au large de Cannes, sur la première des îles de Lérins, le musée de la Mer occupe la partie la plus ancienne du Fort royal de Sainte-Marguerite, classé monument historique, en aplomb sur la mer et à la lisière des forêts de pins et d’eucalyptus. Un espace consacré aux expositions temporaires de photographies s'ouvre sur la terrasse dominant la mer face au littoral cannois, des Alpes du Sud au Cap d'Antibes et à l'Estérel.
Cette année, le Musée y présente les œuvres photographiques de Ralph Samuel Grossmann, en choisissant la série Le Monde voilé, corpus réalisé principalement dans la presqu'île de Ramatuelle.
La série des Modélisations, sculptures en pigments naturels, bois et roche, complète le parcours d'exposition. Nées de l'observation du littoral méditerranéen, toutes ces oeuvres reviennent à leur lieu d'origine et seront en dialogue avec le contexte préservé de l'île. Cette proposition, riche de sens, fait écho à la démarche artistique de l'artiste qui interroge dans ses oeuvres comment l'observation du réel par les nouvelles technologies, par la science et par nos sens, transforme notre regard.
Camara © Ralph Samuel Grossmann, courtesy Galerie Nathalie Béreau
La série Monde Voilé a été présentée en France, Grèce et Allemagne : au Musée des Beaux-Arts de Rouen, assortie de la publication d'un livre (2009); à la Biennale de Photographie de Thessalonique (2010); au Domaine de Chaumont-sur-Loire (2010) ; à l'Institut Français de Mayence (Allemagne) (2011).
La série photographique Le Monde Voilé de Ralph Samuel Grossmann est consacrée aux formations nuageuses visibles sur trois territoires délimités : le Var, la presqu'île du Darss (RFA) et l'Alsace.
D'approche conceptuelle elle révèle sobrement la nature complexe du regard sur la nature. Elle associe la description précise des formes nuageuses à une interprétation émotionnelle et à un signal visuel, revisitant ainsi ce sujet clé de l'histoire de la photographie : le nuage.
Pour souligner sa taille considérable et sa force physique le nuage est montré au-dessus d'une mince bande de paysage. Le ciel est ainsi réuni à la terre et à la mer.
Des indices caractéristiques situent l'endroit où l'image est prise : collines méditerranéennes, bord de mer, campagne. Chaque lieu représenté semble familier et pourtant générique.
Nos yeux contemplent avec émotion les forces physiques en présence dans la nature. Nous essayons de les comprendre, de les analyser, de les étudier et transformons ainsi notre regard en un savant mélange de sensation, de connaissance abstraite et de rêve.
Sur ces paysages aux nuages, presque abstraits, un encodage coloré vient interrompre le regard.
Est-ce un arc-en-ciel, une erreur d'optique, un instrument de mesure ? Utilisant cet artefact, l'artiste inclut dans l'image une modification plausible de la vision, inspirée autant par les spectromètres utilisés en science physique, que par l'arc-en-ciel. Ce qui est ainsi montré c'est une réalité augmentée : la réalité vue par nos sens est modifiée par une interprétation secondaire.
Rêve, illusion ou réalité ?
Les sculptures Modélisations qui accompagnent les photographies sont chacune composées d'un module abstrait (modélisation d'un séisme) auquel s'ajoute des éléments naturels trouvés sur le rivage. Ces fragments collectés aux rivages méditerranéens traduisent la force d'érosion de la mer. Les éléments et le module abstrait parlent donc de la puissance de la nature et sont assemblés pour trouver un point d'équilibre stable. Chaque sculpture traduit ainsi, de manière conceptuelle et réelle, l'équilibre entre les forces physiques de la nature.
Canoubiers © Ralph Samuel Grossmann, courtesy Galerie Nathalie Béreau
Photos et vignettes © Ralph Samuel Grossmann