© Erwin Blumenfeld, Lilian Marcusson, pour la couverture de Vogue US, 1951
Musée Nicéphore Niépce 28, Quai des Messageries 71100 Chalon sur Saône France
C’est aux Etats-Unis, après-guerre, dans un contexte de croissance, d’effervescence d’une presse en plein essor, que l’activité d’Erwin Blumenfeld (1897-1969) se déploie, enjouée, inventive et personnelle.
Vogue, Harper’s Bazaar, Collier’s, Cosmopolitan, Life, Look, tous les grands magazines de mode américains vont faire appel pendant plus de 15 ans au photographe, qu’Alexandre Liberman qualifie, admiratif, de « plus graphique et le plus enraciné dans les beaux-arts ».
Pour cette exposition, les plans-films du photographe, majoritairement dégradés soixante ans après, ont été restaurés par le laboratoire du musée Nicéphore Niépce. Pour redonner aux images leurs couleurs d’origine, un travail de reconstitution numérique des couleurs a été effectué.
©Erwin Blumenfeld, Evelyn Tripp, en robe Sargent de Christian Dior Variante de la photographie parue dans Vogue US,1949
Composée de près de cent tirages modernes, d’extraits de presse originaux et de tirages vintage noir et blanc, l’exposition montrera la réalité méconnue de ce fonds d’atelier photographique de mode et de publicité.
Trois ans après son arrivée à New York, Erwin Blumenfeld est en 1944, le photographe le plus célèbre de sa profession. D’après le New York Times, il est le « grand leader de la photographie imaginative », et le mieux payé ! Cette réussite apparemment exemplaire prouve, s’il en est nécessaire, que la photographie d’après-guerre alliait création et contraintes économiques.
À gauche : © Erwin Blumenfeld, A shake-up in young fashion pour la couverture de Vogue US, 1953 © The Estate of Erwin Blumenfeld, collection Henry et Yorick Blumenfeld
À droite : © Erwin Blumenfeld, The women serve pour la couverture de Harper’s Bazaar, juillet 1943
Cette notoriété américaine, Erwin Blumenfeld la doit à ses photographies de mode et publicitaires, qu’il réalise à New York pendant les années 1940-1960, dans son studio situé au 222 Central Park South, mais aussi à son image d’européen cultivé : cette manière si particulière de doter la photographie de « capacités d’absorption et d’amour de l’art » (Harper’s Bazaar, 1941).
© Erwin Blumenfeld, Nancy Berg Publicité pour Chesterfield, vers 1956
Si la biographie européenne d’Erwin Blumenfeld est connue 2 – l’errance d’un créateur, juif berlinois d’origine, son séjour à Amsterdam (1930), son expérience fondatrice des avant- gardes parisiennes –, on sait peu de choses sur la période américaine et les activités de l’atelier New-Yorkais. Contrairement à l’idée reçue, c’est dès 1936 qu’il se lance dans la photographie de mode. Après sa fuite de la France occupée (1941) et son installation américaine, la mode va devenir son activité professionnelle principale. Il est aussitôt engagé par Harper’s Bazaar, avant d’entamer une longue collaboration avec Vogue.
© Erwin Blumenfeld, Jackie Gleason, pour la couverture de Cosmopolitan,1953
Cette période marque une rupture indéniable dans la carrière d’Erwin Blumenfeld, contraint pour un temps de brider ses élans créatifs. Le photographe européen, proche des avant-gardes, en quête d’une exploration du médium, prend la posture du professionnel de studio soumis à la commande et aux objectifs commerciaux. Autre réalité de la prise de vue, désormais une séance nécessite entre 10 et 40 expositions différentes, à la chambre 20 x 25, un dispositif subtil d’éclairages, de maquillage, de décors, d’accessoires, qu’Erwin Blumenfeld contrôle et met en place lui-même.
Vignette : © Erwin Blumenfeld, Lilian Marcusson, pour la couverture de Vogue US, 1951