© Hiroshi Watanabe, Ryota Nakajima as Mannojo, Matsuo Kabuki
L' AD-Galerie présente la collection de portraits du photographe Hiroshi Watanabe à partir du samedi 26 mai 2012.
Cinq portfolios consacrés au portrait constituent le thème de l'exposition d'Hiroshi Watanabe. Trois portfolios représentent un témoignage direct de la culture théâtrale japonaise (Sarumashi, Noh et Kabuki).
Un quatrième portfolio en lien direct avec la société japonaise est consacré aux poupées pour adultes (Love point). Le dernier portfolio porte sur une tradition culturelle européenne, les masques du carnaval vénitien.
© Hiroshi Watanabe, Alvise D'Ambrosi as Capitano (Silhouette), Comedy of Double Meaning
Sarumawashi, Noh et Kabuki
Sarumawashi, littéralement « la danse des singes », est une troupe de singes de théâtre. Cette troupe ambulante relève d’une tradition ancestrale japonaise. En 1977, une association, Suo Sarumawashi, a été fondée pour défendre cet art, menacé par l’urbanisation constante du Japon. Sarumawashi montre la prouesse physique normale du macaque en combinant performances acrobatiques, sketchs comiques et danses. Ensuite, les Kabuki sont ici encore des compagnies de théâtre itinérantes qui sillonnent les campagnes japonaises. La "Matsuo Kabuki" a toutefois la spécificité d’être composée d’enfants. Enfin, les masques Noh sont utilisés depuis le 14e siècle dans la tradition théâtrale japonaise. Ils permettent de camper des personnages expressifs et figés pour des saynètes humoristiques. A travers ces trois portfolios, Watanabe nous offre non seulement un magnifique témoignage des trois facettes de la culture théâtrale japonaise, mais par son travail de mise en scène, le photographe nous invite à une lecture de second plan de la photographie. Perturbant notre perception immédiate de l'image, les images de Watanabe nous révèlent que ce que l'on pense "être", n'est pas nécessairement ce qui "est".
© Hiroshi Watanabe
Love Point
Love Point relève à la fois d'un tout autre registre tout en présentant les caractéristiques claires du travail d'Hiroshi Watanabe. Constitués d'un mélange volontaire de « poupées » et d’êtres vivants, de fictions et de réel, ces portraits perturbent plus que jamais notre capacité à discerner la frontière entre ce qui "est" et ce que l'on croit "être". En jouant sur les codes sociaux et l'image du féminin, Hiroshi Watanabe excelle une fois encore par son talent à montrer toute la subjectivité de notre regard sur les êtres et les choses.
© Hiroshi Watanabe, Natsuki, Love Point
Comedy of double meaning
Ici encore, l’oeuvre de Hiroshi Watanabe porte sur le thème central de notre perception directe de ce qui "est". En travaillant sur le thème des masques vénitiens caractéristiques de la Commedia dell'Arte, Hiroshi Watanabe a voulu rendre compte de ce double langage qui marque la Venise d'aujourd'hui. Avec ce travail sélectionné pour la présentation de l'exposition "Venice in Peril", le photographe japonais déclarait : «... J'ai senti qu'ils [les Vénitiens] ne sont pas parfaitement heureux avec ce qui se passe pour la ville. Il semble que la ville existe pour (que des attractions touristiques) et par (avec l'argent des touristes) les étrangers. Il semblerait qu’il existe de nombreuses personnes qui bénéficient de ce flot de monde, mais peut-être que beaucoup d'autres ont aussi été écartées. J'ai senti cette tension et j'ai essayé de faire montre de cette tension conflictuelle dans mes photographies...".
© Hiroshi Watanabe, Aikichi, Suo Sarumawashi
Plus que jamais, le travail de Watanabe s'inscrit dans la question de notre perception de la représentation humaine et de son décalage avec la réalité.
Vignette : © Hiroshi Watanabe, Ryota Nakajima as Mannojo, Matsuo Kabuki