Itinéraires Photographiques en Limousin Pavillon du Verdurier Place Saint-Pierre 87000 Limoges France
Le Festival des Itinéraires Photographique du Limousin a terminer ses sélections. Six photographes seront alors exposés à Limoge du 19 mai au 3 juin 2012.
Sarah Louette, "Traces, (et autres extensions de soi)"
Avec sa série Traces (et autres extensions de soi), la photographe Sarah Louette crée un style visuel inédit et joue avec les codes de la peinture, de la bande-dessinée et des belles-lettres. Chacune de ces étonnantes photographies dépasse l'image pour atteindre les mots et la pensée.
Ces clichés sont pensés comme un arrêt sur image de notre relation aux poèmes les plus célèbres : de Rimbaud à Shakespeare, en passant par Baudelaire, ils figurent sur un mur dead-line où ils sont tracés par le modèle. A travers cette interaction fascinante entre le verbe, l'être et l'image mise en scène par la série de photographies Traces (et autres extensions de soi), ce sont ces mots enfouis et pourtant universels que Sarah Louette met en images dans un univers étonnant, à la fois sombre et lumineux.
© Sarah Louette
La série Traces (et autres extensions de soi) met en avant les mots et leurs symboles comme expression profonde de l'être. Les images comme la littérature font partie de notre inconscient individuel et collectif. Nous les créons, elles nous forgent, façonnent nos perceptions et recréent notre imagination. La photographie capture l'intangible par excellence, la pensée, et ce faisant pose la question de la nature de nos sentiments et émotions.
Les phrases prennent une forme physique, réelle, mais aussi évanescente que la personne qui les exprime. Car finalement, qui crée l'autre ? Tandis que le modèle trace ses vers avec de la « poussière de craie », le recours à des auteurs illustres nous plonge dans une culture universelle tout en stéréotypant notre pensée et nos attitudes.
Mais derrière ce premier aspect, nous pouvons voir des personnes qui face au mur, trouvent un moyen de se libérer et d'exister aux yeux des autres. L'être, les mots, et l'image s'allient pour exprimer toute la pudeur de nos émotions enfouies et de notre désir de communiquer avec autrui. Ces Traces nous parlent tout simplement d'Art et d'Humanité.
Sandrine Elberg, " Portraits de femmes dans les appartements moscovites "
"A la recherche d’une image de ses origines, Sandrine Elberg s’est installée dans les salons de ses hôtes moscovites. Vêtues de leurs plus beaux atours et arborant des poses savamment choisies, les jeunes femmes qui l’accueillent et jouent avec elle, reconstituent une sorte de monde perdu, rêve de jeune fille et peut-être aussi vestige d’un univers occidental enfui, celui des pin-ups candidement érotiques des 60′s.
© Sandrine Elberg
Le temps semble s’être arrêté, et l’emprise des formes apparaît alors plus durable, plus profonde que celles des idéologies. Une sorte de style qui serait aussi, paradoxalement, celui des « années heureuses », avant les troubles et la perte des repères à l’oeuvre dans la Russie contemporaine, à l’image de cette mode vintage qui est venue, à l’Ouest, entretenir la nostalgie d’un monde stable et lisible. Ce monde a disparu, n’a peut être jamais existé, et des images de Sandrine Elberg s’exhale une sorte de mélancolie, comme elle s’exhalerait d’une lettre d’amour adolescente exhumée à notre mémoire infidèle."
Christian Macotta pour les Boutographies (Mai 2011)
Pierre Cambon, "Du couple"
"Le lien, un mot à la source ...
J'aime à mélanger les techniques et les outils.
Je dessine sur le décor et sur le corps du modèle, je photographie la scène, puis la retranscris par procédé photographique sur une plaque pour en faire une matrice en taille douce dont je tire enfin une épreuve sous presse.
Il s'agit donc bien de photographier un dessin bi dimensionnel dans un espace, et non de dessiner sur une photographie...
Dès la prise de vue, le dessin se mêle à la réalité du modèle, à moins que cela ne soit l'inverse, brouillant les pistes comme des miroirs, se superposant l'un l'autre, comme une mise en abîmes de réalités réelles ou fantasmées.
La matrice prend forme, le résultat n'est plus de la photo, ce n'est plus du dessin, l'image témoigne d'une nouvelle réalité onirique et que l'impression en taille-douce enrichie de cette plastique propre à l'estampe. "
© Pierre Cambon
Cécile Henryon, "Vanité Parasite"
J’ai vu leurs chevelures de lumière
s’étaler le matin sur un monde de désordre
et dans une vague volontaire
déployer leurs troupes ouvrières.
Ici et là, d’un corps qu’ils égrainent,
se déploient telle une mer avide
des cheveux, Ô ondes souveraines,
qui résolument se faufilent.
Elles caressent le viril et l’entrainent
dans leur décor de séductrices
vers un univers factice
d’une harmonie douce et claire.
Si de la femme elle est l’orgueilleuse beauté
et même si par cette vanité leur âme en est rongée,
elle réorganise le monde au charme de son ère
et donc l’envoûtante chevelure continuera de plaire.
© Cécile Henryon
Dans cette série, des sujets vraiment personnels, comme cette ville familière et un rêve de petite fille, se mêlent à la neutralité de façades impersonnelles et de visages inexpressifs.
"Vanité Parasite" représente un monde où les chevelures sont comme animées par leur volonté propre. Elles vivent tels des parasites sur le corps, jusqu’à prendre le pouvoir sur la vie de leurs hôtes, pour la réorganiser à leur avantage. Les femmes sont comme vides, peut-être ce sont-elles laissées dévorer par ces cheveux qui font leur orgueil ? Par la mise en scène, j’ai souhaité introduire ce qui m’intéresse le plus dans la photographie, c’est-à-dire l’imaginaire au sens où Clément Rosset le définit : un “ coefficient de bizarrerie ” affectant le réel ordinaire, ici le réel photographique.
Yvon Bobinet, « Artifices »
Les photographies que je présente dans le cadre des IPL 2012 sont issues de différentes séries réalisées depuis 2008. Comme c’est toujours le cas dans mon travail, elles sont des univers complètement fabriqués où la référence à la « vraie » réalité tombe bien vite, pour laisser la place à un « rêve éveillé », c’est-à-dire la conscience d’être dans un autre monde, une autre réalité, peut-être plus forte, celle de l’imaginaire. La stéréoscopie, et particulièrement l’anaglyphe, procédé que je privilégie, est évidemment centrale dans ce dispositif. Ainsi, mes images ont une double réalité : elles existent en tant que telles, et peuvent être regardées « de l’extérieur », elles peuvent aussi être regardées « de l’intérieur » à travers des lunettes filtrantes. Le fait de devoir mettre celles-ci, loin d’être un handicap, est pour moi au contraire un moyen facile d’accéder à un rapport privilégié, presqu’intime à l’image. Celle-ci apparaît alors pour ce qu’elle est, comme un vecteur fragile, mental, éphémère. Comme un univers qui n’existe que pendant le temps du regard et uniquement pour celui qui regarde. La stéréoscopie établit un rapport à l’image à la fois mental, à la fois tactile.
© Yves Bobinet
C’est dans ce cadre que je construis mes images photographiques qui sont comme des décors de théâtre où je mets en scène des histoires. Car mes images sont des narrations poétiques. Je puise dans mes souvenirs, dans mes voyages, dans ma culture, dans ce que je vois autour de moi pour interroger le monde qui m’entoure. Mes images n’apportent pas de vérité. Elles ne sont peut-être finalement que des miroirs qui ne renverraient pas l’apparence des choses mais plutôt une vision poétique de celles-ci. Il faut juste regarder autrement.
Martial Lenoir, « La loge des rats »
"Paris, début des années folles.
Alors que le cabaret burlesque connaît
un succès grandissant Outre-Atlantique
Jean Warner, star de l'effeuillage,
est arrêté sur la scène des Folies Bergère
suite à une plainte d'un spectateur
ayant aperçu "un bout de fesse dénudée".
C'est le moment que choisit
Martial Lenoir, ex-coureur motocycliste
pour ouvrir "Le Grand Jeu", cabaret où
sous couvert de prouesses artistiques,
des filles de plus en plus dénudées
se déhanchent dans des décors enchanteurs.
La bourgeoisie se presse et le champagne
coule à flot. Sur scène, strass, bijoux
et paillettes, mais la réalité est ailleurs.
Bienvenus dans la Loge des rats"
© Martial Lenoir