La photographie de Roger Ballen, photographe sud-africain d'origine américaine, (né en 1950), surprend autant qu'elle touche.
Sa mère, Adrienne Ballen, cofondatrice de l'un des premières galeries de photographie new-yorkaise, et ayant longtemps travaillé chez Magnum, l'initia à la photographie.
Après sa mort en 1973, il entreprit un voyage de cinq ans en Turquie, en Nouvelle-Guinée, au Caire et au Cap et dans bien d'autres contrées, qui le conduisit à prendre des clichés qui au départ firent naître une forte polémique, avant d'être reconnue et exposée aux Etats-Unis et en Europe.
Hommes, femmes, enfants sont pris sur le vif, dans le plus simple apparat de leur quotidien. Des animaux sont souvent invités sur les photos, comme s'ils faisaient partie intégrante de l'univers de ces gens hors du commun. Normaux ou non, plaisants ou pas, les modèles du photographe déconcertent par leur authenticité.
Dans l'introduction de ce livre, Dominique Eddé pose des propos justes et cohérents : " Ce n'est pas un hasard si Roger Ballen est géologue et psychologue de formation. Pour lui, la découverte se fait à l'abri de la vie qui continue. Là où s'opère la jonction entre archaïsme et vision. Entre ruine et mémoire. Partout où dehors et dedans, avant et après se passent de frontières. Comme dans les songes, à ceci près qu'ici la volonté est à l'oeuvre. Une volonté prête à se laisser surprendre. Une volonté quand même. Implacable. Une sorte d'attention d'extrême - au-delà de l'empathie et du jugement - à ce que la conscience ordinaire a pour vocation d'exclure ou d'oublier. Ballen est l'explorateur d'un monde sans surface".
Les images de Roger Ballen cherchent avant tout à donner à voir, à témoigner, qu'est le but initial de la photographie.