© Pierre Verger
Direction des musées d’Art et d’Histoire 10 rue Fleuriau 17000 La Rochelle France
L’exposition « Pierre Verger : un pont au-dessus de l’Atlantique. Regard sur les cultures afro- américaines du plateau des Guyanes et de l’Amazonie » se compose de 84 photographies tirées par le laboratoire de Silvio Pinhatti à Sao Paulo à partir des négatifs originaux de Pierre Verger. Elle présente au public 34 vues inédites réalisées en 1948 au sein des sociétés « post- marrons » Ndjukas sur la rivière littorale Cottica au Suriname.
Au-delà du témoignage intemporel et universel qu’elle nous a laissé, la rencontre avec ces sociétés fluviales et forestières issues du marronnage, considérées alors et encore à l’heure actuelle comme les cultures noires américaines où l’héritage africain était resté prédominant, a été déterminante dans la confirmation de la vocation « afro-américaine » de Verger.
Cette série est enrichie, suivant la perspective transculturelle et comparatives des « flux et reflux » chère à l’auteur, par 50 clichés portant sur les cultures et religions de Salvador de Bahia, Belém, Cuba, Haïti, la Guadeloupe, la Martinique et les sociétés du golfe du Bénin.
L’œuvre photographique de Pierre Verger est aujourd’hui reconnue mondialement, tant pour ses qualités esthétiques qu’ethnographiques. Elle est, au même titre que le travail colossal mené par le photographe américain Edward Sheriff Curtis sur les « nations indiennes d’Amérique du Nord » au début du siècle passé, une tentative inégalée d’embrasser ce que Roger Bastide avait nommé les « Amériques noires ».
© Pierre Verger
Cette expérience ethnographique, humaine et esthétique a durablement participé à la reconnaissance des « afro-américains », de leur histoire et de leur culture inextricablement liées au continent africain comme de leur poids incontournable dans la formation métissée des cultures américaines issues du choc colonial.
En 1947-1948, Pierre Verger entreprend de rejoindre son ami et collègue l’ethnologue Alfred Métraux, spécialiste du Vaudou haïtien, lui-même sur la piste des premiers travaux de l’ethnologue Melville Herkovitz sur les « Businengés » ou « noirs marrons ». Il traverse ainsi tout le plateau des Guyanes, du Brésil au Surinam (Correspondance Verger-Métraux, éd. Le pied à l’étrier). Accueilli par le gouverneur de Guyane française, ville dont il a gardé un souvenir grinçant, il se rend ensuite au Surinam, en quête des « Marrons ». Cette quête est à l’origine d’une série de clichés portant sur les Marrons Ndjukas (Aukans en néerlandais) de la rivière surinamaise Cottica. Redécouverts en 1982, les négatifs n’avaient encore jamais été développés.
Vignette : © Pierre Verger