© Daniel Spoerri et Benjamin Deroche, Assemblages
Galerie Véronique Smagghe 10, rue Saintonge 75003 Paris France
Du 24 mai au 23 juin 2012, la Galerie Véronique Smagghe propose d’explorer la notion d’assemblage à travers une exposition suggérant un dialogue entre les compositions récentes de Daniel Spoerri et les photos de Benjamin Deroche.
Les « Tableaux-pièges » que Daniel Spoerri inventait à la fin des années 50 juste avant de participer à la fondation du Mouvement des Nouveaux Réalistes ont aujourd’hui cédé la place aux « Faux tableaux pièges ». Si auparavant il s’agissait pour l’artiste de proposer un instantané objectif du réel en fixant, tels quels, sur leur support des objets trouvés sur des tables, dans des boîtes ou des tiroirs, aujourd’hui il assemble, associe, juxtapose toutes sortes d’objets anciens, récents, insolites ou ordinaires issus de son inépuisable collection pour cette fois composer lui-même ses assemblages.
Bien que la réserve d’objets de Benjamin Deroche ne soit pas encore aussi conséquente, il utilise le même procédé pour d’abord produire une image dont le but n’est ni de transcrire une réalité ou même de transmettre un message mais simplement de vivre par elle-même. Ses photos, tout comme les compositions de Daniel Spoerri sont avant tout un équilibre. Les deux artiste utilisent des objets souvent détournés pour d’abord ébaucher une histoire qu’ils font ensuite bifurquer, la détruisent, puis la reprennent. L’interprétation du spectateur est une notion essentielle dans la relation à l’œuvre que Daniel Spoerri et Benjamin Deroche se plaisent particulièrement à dérouter.
Les œuvres présentées explorent un univers commun associant métaphore et sacré à l’humour et au morbide. Les objets utilisés interprètent un rôle que le spectateur ne leur aurait jamais donné, perturbant, dérangeant, les codes pré-établis. L’inspiration presque surréaliste des œuvres s’appuie sur d’incontestables raisons pour démontrer, d’une part que la pensée moderne, scientifique et rationnelle, n’est pas aussi exempte de fétichisme qu’elle le souhaiterait et d’autre part qu’il peut être tout aussi fonctionnel d’utiliser les objets comme des fétiches, des reliques ou des amulettes que d’en user par le biais de la technique.
En appuyant sur le contraste manifeste entre le côté arbitraire et concentré, quasi aléatoire, des assemblages de Daniel Spoerri et l’esthétique extrêmement maîtrisée et aérienne des photographies de Benjamin Deroche, la galerie Véronique Smagghe invite le spectateur à se plonger, se perdre, dans l’univers décalé de ces deux artistes.
Vignettes et photos : © Daniel Spoerri et Benjamin Deroche, Assemblages