© Marion Gronier
L'exposition "I am your fantasy" de Marion Gronier est de nouveau visible. Cette fois c'est à la Galerie Claude Samuel jusqu'au 1er juin.
C’est samedi. Il fait froid dans les vestiaires. J’ai la chair de poule, en culotte, pieds nus. Maman a oublié de faire un ourlet, la robe d’Océane est trop grande pour moi. Maman s’énerve, elle ne trouve pas le trou de l’aiguille. J’ai peur qu’elle me gronde. La bouche en cul de poule pour le rose à lèvres et les paupières closes pour le fard nacré, je suis jolie comme un cœur. Maman jauge le résultat, d’un œil froid. Tout à l’heure elle sera tellement fière de moi qu'elle pleurera. La scène est immense, une ligne de visages attentifs et souriants comme le loup du Petit chaperon rouge : 1, 2, 3, 4, 5 : mesdames et messieurs les membres du jury. Derrière, les mamans aux abois. « Ce n’est pas grave si tu perds ma chérie, Maman t’aimera toujours ». Devant moi, Fibie s’avance, elle marche les pieds en dedans, elle fait la révérence à droite, traverse en cadence mécanique, fait la révérence à gauche. Puis Luna, pimpante et aguicheuse, c’est elle qui va gagner.
« Ces photographies ont été réalisées en France lors d’élections de mini miss. Elles interrogent la relation mère/fille, la projection réciproque qui se joue à travers cette activité, les désirs qui s’échangent et se confondent. Ces diptyques sont des miroirs. Miroir temporel imaginaire, où la mère se retrouve enfant dans le visage de sa fille et où l’on devine dans le visage de la mère ce qui attend peut-être sa fille. Miroir social qui révèle l’image de la femme que notre société crée et désire. Sur ces visages grimés d’enfant, cette image devient un masque qui dévoile son ambivalence et sur ceux, défaits, des mères, ses ravages ». Marion Gronier
Vignette : © Marion Gronier