Jacques, philosophe © Olivier Roller
À rebours de la représentation idéale et sublimante que peut la photographie, Olivier Roller interroge l’identité des figures de pouvoir de notre époque, tout en y incluant une vision plus lointaine mais non moins essentielle : l’origine de ces figures de pouvoir au temps de la Rome Antique. En effet, par la présence des empereurs romains, il pose aussi la question des fondements de ces entités qui incarnent le pouvoir originel, le mythe de l’an zéro.
Ainsi, Olivier Roller nous présente ici un travail photographique qu’il a pensé et développé sous la forme d’une fresque de portraits où se mêlent publicitaires, financiers, patrons de média, intellectuels, diplomates, ou encore empereurs romains. Seuls leur prénom ainsi que leur profession nous sont donnés. Ils interviennent comme des indices identitaires tout en laissant volontairement place à une forme d’anonymat. Un anonymat qui introduit une part de fantasme face à ce pouvoir personnifié.
Jules, empereur © Olivier Roller
Son œil et son objectif se focalisent sur la peau, le regard, les plis du costume, ôtant alors à son modèle le libre-arbitre de l’image qu’il dégage. Il le repousse dans le retranchement de son identité. Ici n’est donc pas représenté l’homme, mais sa fonction.
Le pouvoir implique des codes visuels imposés par la fonction. Mais ici, par son protocole photographique, Olivier Roller essaie de gommer ces signes extérieurs en faisant ainsi apparaître le descellement des visages, le moment où le sujet abandonne l’image qu’il s’est fabriqué, ne laissant alors plus que sa mue, qui lui colle si bien à la peau.
L’homme d’influence, ainsi photographié, nous parle de l’attraction du pouvoir auquel il se soumet, mais aussi de son impossibilité à s’en affranchir.
Vignette : Jacques, philosophe © Olivier Roller