Harvey Birdman JOSE? ROSENDO DE JESU?S de l’Etat de Guerrero. Il travaille comme responsable syndical a? New York. Il envoie 700 dollars par mois. © Dulce Pinzón
Centre d'art La Fenêtre 27 rue Frederique Peysson 34000 Montpellier France
En marge des photographes retenus par le jury des Boutographies, des structures sont invitées à présenter leur activité et exposer au public les travaux de photographes qu’elles soutiennent ou représentent. Cette sélection sera présente dans divers lieux partenaires et développe un volet pédagogique en impliquant écoliers et lycéens.
Invitée par Les Boutographies 2012 à participer au programme “Hors les Murs”, K-Echo photo a choisi de présenter deux photographes étrangers ayant chacun réalisé un projet photographique à New York. Bien que les deux séries aient été réalisées dans le même espace géographique elles sont l’expression de thématiques et d’approches formelles très différentes.
Robin ERNESTO MENDEZ de Mexico. Il travaille comme gigolo à Time Square (New York). Il envoie 200 dollars par semaine. © Dulce Pinzón
Dulce Pinzón - La véritable histoire des super-héros
Après le 11 Septembre, l’idée de “héros” devint petit à petit omniprésente dans l’imaginaire collectif. En cette période de crise, la nécessité de reconnaître le travail et l’extraordinaire détermination de certains individus face au danger semblait criante, ceux-ci sacrifiant parfois leur vie en tentant d’en sauver d’autres.
Néanmoins, dans le tourbillon des médias qui affichaient, en une, les désastres et autres états d’urgence, il était aisé de
passer à côté d’innombrables héros qui ont oeuvré chaque jour pour le bien d’autrui, tout autant que ces autres héros glorifiés; mais en des circonstances bien moins théâtrales. Le travailleur immigré mexicain à New York est l’exemple même du héros qui passe inaperçu: il travaille souvent de très longues heures dans des conditions extrêmes, et économise sur son salaire, si bas soit-il, au prix d’immenses sacrifices, pour l’envoyer au Mexique à sa famille et à sa communauté. Discrètement, l’économie mexicaine est devenue dépendante de l’argent envoyé par des travailleurs résidant aux États-Unis. De la même manière, l’économie américaine devient petit à petit dépendante de la main-d’oeuvre mexicaine. C’est de cet immense sacrifice, passé sous silence et inavoué, que nous parle Dulce Pinzón. Elle rend ici hommage à ces hommes et ces femmes, figures courageuses et déterminées, qui réussissent tant bien que mal, sans le moindre pouvoir surnaturel, à supporter de difficiles conditions de travail afin d’aider leurs familles et communautés à survivre et prospérer.
Ce projet est constitué de 19 photographies couleurs d’immigrants latino-américains vêtus de costumes de super-héros américains ou mexicains célèbres. Chaque image représente le travailleur / super-héros sur son lieu de travail et est accompagnée d’une légende constituée de son nom, sa ville natale et la somme d’argent qu’il envoie à sa famille par semaine ou par mois.
120 Broadway © Vincent Jendly
Vincent Jendly - New York
Les séries New York témoignent de la fascination qu’exercent sur Vincent Jendly les paradoxes du Nouveau Monde et de New York. En première lecture, ces images semblent être un hommage aux avant-gardes qui donnèrent à la ville son visage contemporain; un instantané d’une cité Babel où tout semble possible, où les gens sont unis par une façon unique de vivre, de créer et de penser ; une société dont les sirènes, qui attirent des millions de candidats au rêve américain, ont la voix des pionniers, de ceux qui ont traversé l’Atlantique pour reconstruire une nouvelle vie.
Bâtis sur une énergie quasiment génétique, les gratte-ciel new-yorkais, au-delà de leur rôle utilitaire, sont les symboles visibles de l’inspiration, de l’audace et de la foi en l’avenir qui caractérisent les Américains, une sorte d’ode à la gloire de ce que l’homme peut réaliser lorsqu’il donne le meilleur de lui-même. Certaines de ces images, qui paraissent dénuées de toute vie, semblent pourtant placer l’humain au second plan, quand il ne disparaît pas tout à fait. Sans doute, la grandeur de ces prouesses bâties dépasse-t-elle de facto celle de ses créateurs qui, pris à un instant T ou représentés par de multiples individus logiquement minuscules, deviennent finalement anecdotiques, même si on surprend parfois quelque congénère dans les images, habitant les espaces créés pour lui.
Avec cette quasi disparition de l’homme derrière son contexte, Vincent Jendly dresse également un portrait plus objectif de “l’autre Amérique” : les façades froides et gigantesques, ou encore les rues parfois vidées de leurs occupants soulignent la cruauté du modèle américain: sur le chemin qui conduit au succès, on est seul et confronté à une réalité faite de concurrence et de désillusions. À New York, comme ailleurs aux États-Unis, l’investissement que ce monde impose pour réussir le rend totalement inhumain, l’homme y étant dépassé par des réalités environnementales qui ne sont plus à son échelle, et qui desservent souvent ses aspirations profondes.
Pour parvenir à saisir la ville comme un jardin d’acier et de verre, prodigieux et froid, le photographe a dû s’élever et obtenir des accès à des endroits normalement interdits.
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Vignette : Harvey Birdman JOSÉ ROSENDO DE JESÚS de l’Etat de Guerrero. Il travaille comme responsable syndical à New York. Il envoie 700 dollars par mois. © Dulce Pinzón