Bomarzo, 2011 © Laurent Grasso / ADAGP, Paris, 2012
Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France
Jeu de Paume / Château de Tours 25 avenue André Malraux 37000 Tours France
Laurent Grasso : Uraniborg
L'observation, mais aussi le contrôle, la surveillance, le pouvoir ou l'emprise de la science ou de la croyance, ainsi que la réversibilité ou la simultanéité temporelle font partie des champs explorés par Laurent Grasso dans son œuvre.
Chacune de ses pièces développe des narrations multiples et simultanées, qui transforment ce qui est connu ou familier en une expérience psychologique, et parfois physique, inquiétante.
Pour cette exposition, l'artiste a conçu un dispositif labyrinthique avec corridors et doubles passages d'inspiration panoptique, créant de véritables espaces d'expérience pour le visiteur.
Untitled, 2009. Courtesy Galerie chez Valentin, Paris & Sean Kelly Gallery, New York © Laurent Grasso / ADAGP, Paris, 2012
Son travail explore les incertitudes ou le doute que suscite n'importe quelle conjecture issue de l'observation de la réalité, afin de construire des réalités parallèles susceptibles de mettre à l'épreuve notre système de connaissance et notre capacité critique. Ses œuvres dévident des narrations multiples et simultanées, qui transforment ce qui est connu ou familier en une expérience psychologique, et parfois physique, inquiétante. En associant perceptions temporelles et spatiales, elles provoquent un léger vertige qui questionne notre capacité à appréhender le monde qui nous entoure.
Eva Besnyö : L'image sensible
Eva Besnyö (1910-2003) est de ces femmes qui ont trouvé dans la photographie non seulement un métier mais une forme d'émancipation, et de ces artistes d'avant-garde, émigrés, qui choisirent l'Europe comme terrain de jeu et de travail : Berlin, qu'elle a sillonné jour après jour avec son appareil photo, Paris, ou encore Amsterdam, dont ses photographies d'architecture ont su traduire en une Nouvelle Vision l'idée du Nouveau Bâtiment fonctionnaliste.
Narda, Amsterdam, 1937. collection privée, Berlin © Eva Besnyö / Maria Austria Instituut
La vie comme l'œuvre d'Eva Besnyö sont marquées par son sens politique très développé, qui la pousse à quitter la Hongrie fasciste en 1930, puis l'Allemagne dès 1932. Après la guerre, elle est séduite par une vision du monde façonnée par l'humanisme, et s'engage dans les années 1970 dans le mouvement féministe Dolle Mina, rendant compte avec son appareil photo des manifestations de rue. Ses clichés sont stylistiquement décisifs dans le développement du néoréalisme. Avec 120 tirages d'époque, cette première rétrospective en France vise à faire connaître au grand public cette "André Kertész au féminin", cosmopolite convaincue et grande dame de la photographie néerlandaise.
Rosa Barba : Vu de la porte du fond
Le cinéma est le langage de Rosa Barba. Elle le crée, l'analyse, l'étudie et le dissèque, en isole les différents éléments - tels que le texte, la bande originale, les images et la lumière - et les (re)présente, parfois isolément.
© Rosa Barba
Le film, avec ses limites en tant que médium, est transformé en objet textuel et sculptural. Il y a une transposition constante, une circulation continue entre le fait d'être à la fois un médium et un objet d'art, à la fois le contenu et la forme. Rosa Barba cherche à savoir comment le film, en tant que document, mais aussi l'histoire elle-même se rapportent à la réalité. En ce sens, ses films créent ce qui semble être un discours docu-fictionnel, s'auto-interrogeant constamment. Pour son exposition au Jeu de Paume, Rosa Barba a transformé les espaces dédiés à la programmation Satellite en espaces-textes composés de plusieurs installations filmiques et sculpturales.
Jeu de Paume Hors les Murs - Château de Tours (du 16 juin au 4 novembre 2012)
Pierre Bourdieu : Images d'Algérie. Une affinité élective
Le 50e anniversaire des accords d'Évian, qui mirent fin à la guerre d'Algérie, a été célébré le 18 mars 2012. À cette occasion, le Jeu de Paume propose une exposition des photographies de Pierre Bourdieu, prises en Algérie de 1958 à 1961.
Sans titre © Pierre Bourdieu / Fondation Bourdieu, Saint-Gall. Courtesy Camera Austria, Graz
D'abord appelé du contingent en 1955, Pierre Bourdieu (1930-2002) séjourne une deuxième fois en Algérie, où il enseigne à la Faculté des lettres d'Alger, de 1958 à 1961. C'est dans ce pays secoué par la guerre que s'affirme la vocation de ce jeune philosophe pour la sociologie. Et c'est dans ce même contexte qu'il utilise la photographie comme support de ses recherches. La photographie, "manifestation de la distance de l'observateur qui enregistre et qui n'oublie pas qu'il enregistre", convient à la "théorie de la pratique" qu'il est en train d'initier. Elle est surtout pour lui, dans ces moments d'urgence et de prise de risque permanents, "une façon d'essayer d'affronter le choc d'une réalité écrasante". Les archives photographiques de Pierre Bourdieu dévoilées dans cette exposition résultent d'une approche scientifique qu'il mena dans un pays en plein conflit. Elles permettent de partager son regard naissant sur le monde social et de retracer un parcours singulier qui déterminera l'ensemble de sa carrière.
Vignette : Bomarzo, 2011 © Laurent Grasso / ADAGP, Paris, 2012