Vignette : Perspective © Raom & Loba, 2010
Dans le cadre de sa programmation bimestrielle, Christophe Dhaussy accueille les photographies des artistes Raom & Loba, du 3 au 28 avril 2012, à la galerie Snoop.
Raom, peintre argentin et Loba, graphiste parisienne ont choisi de faire œuvre commune. D'abord en tant qu' "Expérience Visuelle", sorte de laboratoire informel de recherche sur l'image et plus particulièrement sur toutes les formes de l'image en relief. En 1997 ils fondent le binôme Raom&Loba et choisissent de faire table rase pour investir ensemble la photographie plasticienne.
«Notre travail s’organise en séries thématiques dont chaque image est ce que nous appelons une «microfiction». Nos images sont des fragments d’une histoire plus vaste, qui mettent en lumière des aspects de la nature humaine, en les rendant symboliquement visibles. Pensées comme des tableaux, nos compositions sont conçues et réalisées en stéréoscopie, et peuvent être visualisées en relief à travers un dispositif optique approprié, apportant de cette façon une autre dimension à la perception de notre œuvre».
R&L participent depuis lors à de nombreuses expositions individuelles et collectives, tant en France – où ils résident – qu’à l’étranger.
Les deux artistes initient la série LANDscapeING en 2010. Le mot landscaping veut dire, au sens strict, « action de paysager, d’aménager le paysage, le territoire ». Les artistes en font, par sa graphie particulière, une sorte de mot-valise construit par la greffe du mot « scape » (échappée, vue) à l’intérieur du mot « landing » (atterrissage), comme l’idée d’une graine qui germe sous forme de fictions et transforme chaque portion d’espace où elle tombe.
Jardin © Raom & Loba, 2010
Les micro-narrations de la série LANDscapeING mettent en scène des jeunes personnages isolés, aux prise avec l’immensité, qui sont arrivés (tombés ?) là peut- être après un certain voyage. On ne sait pas ce qu’ils font : jouent-ils aux robinsons ? Sont-ils perdus ? Travaillent-ils ? Ils regardent, ils cherchent, ils semblent parfois attendre quelque chose qui est hors-champ.
Les artistes expliquent : « nous voulons porter un regard affectif sur les choses et nous tentons de photographier des impressions et des sentiments, toutes ces réminiscences de notre propre enfance, comme la solitude, l’éternité…vécus dans l’intimité d’un paysage ». La présence du corps, la peau nue parlent de fragilité et de vulnérabilité, mais aussi paradoxalement de la liberté et de l’exaltation d’être avec le paysage, de faire corps avec lui. « Nous voulons développer une esthétique et une narration simple, parfois inconsciente et volontairement subjective, dans une recherche de la plus grande sincérité ».
Projection © Raom & Loba, 2010
Par l’apparente naïveté liée à l’absence de gravité du propos plastique, cette série s’adresse au spectateur comme le font les rêves, où un sens profond se cache parfois dans les choses les plus évidentes. Dans cette série, les artistes cherchent à dépasser l’anecdote et à laisser les clefs dans l’ombre ou le non-dit afin de conserver intact le mystère des lieux et des êtres.
Vignette : Perspective © Raom & Loba, 2010