
Le nom d'Andreas Gursky appelle les mots d'outrance, d'extrême, d'infini, comme le sont ses œuvres. Quand on découvre la couverture de l'ouvrage consacré à sa retrospective organisée au Louisiana Museum of Modern Art de janvier à mai 2012 il n'en est rien : sobre, grise claire, l'impression du nom creusée et légèrement brillante suffit. La sobriété et l'élégance au service de la démesure.
Ancien élève des Beaux-Arts de Düsseldorf, Andreas Gursky est le photographe du contemporain et du monumental. L'ouvrage de sa rétrospective témoigne du pouvoir fascinant de l'image. En effet, Andreas Gursky réalise des œuvres gigantesques en assemblant plusieurs prises de vue sur ordinateur : l'effet obtenu est vertigineux. Du premier au dernier plan, tout est net. C'est donc au spectateur de se plonger littéralement dans l'oeuvre face à lui, et de choisir la mise au point qui lui convient, la focalisation qui lui semble la plus pertinente. Les couleurs saturées, ajoutées aux innombrables détails, questionnent un monde contemporain transformé par l'industrie, la mondialisation d'informations et de déplacements. «Ce qui m'intéresse finalement, ce n'est pas d'inventer la réalité, mais la réalité elle-même. Le fait de la rehausser, de l'accentuer parfois, me paraît légitime. (...) Ces images sont complètement artificielles». Comme le photographe le signale, ses photographies, souvent en pleine page dans l'ouvrage, attestent de la recherche d'une beauté moderne, artificielle, idéale.
Toutes les images tirées du livre At Louisiana © Andreas Gursky
Bien que les photos d'Andreas Gursky at Louisiana semblent au premier abord hétéroclites, voir et revoir le livre conduit le spectateur-lecteur à interroger la place de l'homme dans ce monde marqué par le gigantisme. On regrettera toujours de n'avoir face à nous les originaux aux dimensions spectaculaires. Cependant l'ouvrage rend honneur au travail de l'artiste grâce à la superbe qualité des impressions et de la mise en page.
Aurélie Laurent, le 21 mars 2012.
Andreas Gursky at Louisiana
Janvier 2012
Hatje Cantz
24,90 x 29,70 cm
39,80 €