© Benoît Boucherot, série "La Priapée des Ecrevisses", 2011
L'Etoile du Nord Théâtre 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris France
Cette exposition est l’occasion de revenir sur quelques photographies de Benoît Boucherot produites lors de son travail sur "La Priapée des Écrevisses", qui dépeignait un moment de vie de Marguerite Steinheil, dite «La pompe funèbre», dont la vie rocambolesque défraya la chronique au début du 20ème siècle. Durant les répétitions de ce monologue, Benoît Boucherot s’est attaché principalement au mouvement et à la matière de cette dramaturgie. Son objectif tourne autour de Françoise Vallon. Il s’empare de sa gestuelle pour en faire presque une chorégraphie, de l’intensité ou du désarroi de son regard, et plonge entre folie, fêlure et désespoir. Jamais anecdotiques, les images de Benoît Boucherot soulignent autant qu’elles témoignent du constant mouvement de va et vient qui sonde le personnage tout au long de ce monologue.
Sans en trahir le fond, Benoît Boucherot réussit à faire sienne cette mise en scène en s’attardant sur les drapés du décor, sur le reflet d’un miroir - accessoire essentiel - sur une chaise vide. Il matérialise également la nécessité de l’acte dramatique dans une vision bousculée et décalée. Dans son objectif, la dramaturgie et la comédie deviennent tangibles, physiques, vitales.
Hiver
« Un homme et une femme. Un banc public puis une chambre d’hôtel. Se connaissent-ils ? Qui sont-ils ? Sont- ils bien réels ? L’intense écriture minimaliste de Jon Fosse révèle les pensées intimes et les tensions qui assaillent ce duo de solitudes, profondément humain. Pour transcrire cette autre dimension dans laquelle s’engouffre le couple, Émilie-Anna Maillet imagine un croisement subtil des langages : les mots et la magie nouvelle confondent peu à peu le réel et l’illusion dans une insolite danse se jouant de nos perceptions et de notre imaginaire. »
C’est cette écriture théâtrale ténue, tendue et sur le fil que Benoît Boucherot veut se réapproprier dans une expression photographique personnelle et énergique. Sans trahir ni l’atmosphère, ni l’esprit de la pièce, et en s’affranchissant de la technique, il pénètre au coeur d’une tension qui se noue sur la scène et en restitue des captures étranges, nerveuses et complexes.
© Benoît Boucherot
Tour à tour séquentielle, sensuelle et intime, la vision de Benoît Boucherot s’attache aux attitudes, aux éléments de décor, fragments d’une construction en mouvement. Il joue et se joue des hologrammes qui habitent l’espace et le temps d’«Hiver». Il plonge près des corps. Il les fige ou les fait danser. Il est à la fois sur scène, au coeur du jeu, mais prend également de la distance pour mettre en abîme un travail de mise en scène rendu particulièrement précis et minutieux par l’interaction acteurs-hologrammes. Son écriture photographique devient parfois pré-cinématographique, principalement par son goût pour la séquence, mais également dans les clins d’oeil délicats à la coulisse et au making-off. Au final, il transcrit de manière sensible et personnelle, la tension, le rythme et la chorégraphie d’une création théâtrale singulière et envoûtante.
Vignette : © Benoît Boucherot