© Frédérick Carnet
Nippon est l'oeuvre de Frédérick Carnet, photographe amoureux du Japon et effaré par les événements qui s'y sont déroulés dernièrement : en mars 2011, l'archipel connaissait l'un des séismes les plus meurtriers de son histoire suivi d'un tsunami, avant que quatre centrales nucléaires (Fukushima Daiichi, Fukushima Daini, Onagawa, Tokai) ne libèrent leur contenu radioactif. Emu par ces catastrophes, Frédérick Carnet, appareil photo en main, est parti six mois plus tard pour témoigner de « la vie après ».
L'ouvrage qui en ressort est à l'image du voyage qu'il a fait là-bas en vélo. Poétique, chaleureux, humain, il n'en demeure pas moins une atmosphère anxiogène. Les photographies prises à l'argentique révèlent une vie qui tente de subsister au milieu du désastre. Loin de l'image traditionnelle associée aux buildings quand on pense au Japon, Frédérick Carnet donne à voir les campagnes et villes de moindre envergure, premières victimes du drame. Les ruines rappellent que tous les efforts de l'homme ne peuvent résister face aux éléments qui se déchainent. Quant aux populations, ce sont des visages graves ou couverts d'un masque respiratoire qui suggèrent la menace invisible de la radiation qui pèse.
Nippon est l'ouvrage d'un seul homme, passionné, qui offre des photographies intenses. Comme pris depuis la route sur son vélo, les clichés nous font voyager au cœur d'un monde traumatisé mais qui néanmoins s'évertue à rester digne.
Vignette : © Frédérick Carnet