© Miroslav Tichý
Galerie Pascal Polar 108 ch de charleroi 1060 Bruxelles Belgique
Miroslav Tichý (1926-2011, Tchéquie) décédé l'année passée, fut reconnu très tardivement comme l’un des pus grands photographes du XXème siècle. C'est l’important curateur Harald Szeemann qui l'avait notamment révélé au sein du monde de l'art lors de la biennale de Séville en 2004, suivi par les expositions à la Kunsthaus de Zurich (2005) et au Centre Pompidou (2008). Son œuvre est sauvegardée et diffusée par la Fondation Tichy Ocean, dirigée par Roman Buxbaum. La Galerie Pascal Polar accueille une exposition constituée d'une sélection rigoureuse des photographies de Tichy, en même temps que la prestigieuse Maison de la Photographie de Moscou présentera Tichý pour la première fois en Russie.
Son œuvre, créée sous la Tchécoslovaquie communiste entre les années 60 et 80, tourne autour de la figure féminine, en marge complète de la création artistique occidentale. Il utilise des appareils de fortune, bricolés par lui-même avec des objets divers, polissant les lentilles avec du dentifrice, qui captent de manière instinctive la réalité qui l'entoure et invente, comme chaque grand artiste peintre, photographe ou sculpteur, une autre réalité, personnelle et donc neuve, jamais entrevue. La vision de Tichý est extraordinaire et érotisée, hors des normes, mal faite, c’est à dire radicalement à l'encontre de notre monde "parfait", préprogrammé. Il est le contraire de l'Homme de Marbre communiste, mais aussi du People libéral.
Son œuvre nous a d'autant plus intéressée que la destinée de cet artiste de l'Est s'apparente sous bien des aspects à celle de Karl Waldmann dont nous étudions et montrons l'œuvre depuis les années 2000. Tichý, sans le précieux travail de Roman Buxbaum, n'aurait peut-être jamais été révélé et sa mémoire serait restée à Kyjov, sa ville natale, pour disparaitre rapidement des souvenirs des habitants qui le considéraient comme le "mauvais exemple": ce paria aux cheveux longs et aux vêtements noirs et déchirés, cet archétype de l'autre et du ridicule… Pascal Polar