Pieta, 2011, Cibachrome © Andres Serrano
Galerie Nathalie Obadia-Bruxelles Rue Charles Decoster, 8 1050 Bruxelles Belgique
La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter l’exposition Sacramentum: Sacred Shadows, sa première collaboration avec l’artiste américain Andres Serrano.
Pour cet événement, l’artiste a choisi de présenter une sélection de travaux puisés dans les corpus emblématiques de son travail, afin d’inscrire sa dernière production photographique Holy Works - datée de 2011 - dans un ensemble rétrospectif. Andres Serrano est reconnu comme l’un des artistes qui a traité avec le plus d’audace la religion et le sacré dans l’art contemporain, mais montre au travers de « Sacramentum: Sacred Shadows » que sa démarche artistique ne peut être réduite à son caractère provocateur. En effet, dans sa nouvelle série Holy Works, Andres Serrano revisite la peinture sacrée du Moyen-Âge et de la Renaissance avec l’idée de « réinventer et renforcer les icônes sacrées », contre-pied de la logique blasphématoire de son œuvre qui lui est parfois reprochée.
« Je suis Chrétien et un artiste, et en tant que Chrétien, j’ai le droit d’utiliser les symboles de l’Église, car ce sont ceux de ma foi… Il ne s’agit pas d’une attaque contre Dieu ou l’Église, mais plutôt une célébration des deux. Non seulement je crois en Dieu, mais je crois également dans l’art religieux, et dans la beauté et le pouvoir de cet art », explique l’artiste, fasciné par l’imagerie catholique baroque et gothique. « Toute la recherche de Serrano repose sur la synthèse des opposés, de sorte à ce que la partie inférieure dialogue avec la partie supérieure, l’humain avec le divin, le terrestre avec le céleste », écrit le critique d’art italien Germano Celant à propos de Holy Works, « il veut réconcilier la vie charnelle et la vie spirituelle, le sexe et la chasteté, le sacré et le profane ».
Les séries antérieures, The Morgue (1992), America (2002), Klansman et Nomads (1990), Budapest (1994), The Interpretation of Dreams (2000-01), et la très controversée Bodily Fluids (1985-1990) s’inscrivent dans la lignée d’une production où la, récurrence des thèmes est évidente, mêlant préoccupations politiques et esthétiques: le christianisme et la pesanteur de ses symboles, le patriotisme, les problèmes sociaux et les préjugés, le racisme, le sexe et la mort sont autant d’obsessions pour l’artiste dans sa volonté d’outrepasser la notion d’interdit dans notre société contemporaine. En puisant dans ce réservoir de sujets fondateurs et par son affection pour l’étrange, l’inhabituel, les laissés-pour-compte et marginaux, Andres Serrano parvient à transformer la photographie en un acte fort pour affirmer ses idées. Tout en revendiquant l’influence de Raphaël, Rembrandt et Bosch, il inscrit son travail dans la lignée des artistes conceptuels.
La véracité avec laquelle l’artiste saisit le caractère de ses modèles et sa capacité à esthétiser une réalité souvent morbide confèrent à ses œuvres une puissance émotionnelle inédite, créant les conditions d’une véritable empathie avec le spectateur.
© Texte : Galerie Nathalie Obadia