Les éditions Gang propose un magnifique coffret, Syrie 55 du photographe Payram. Un travail hors du commun et original qui comporte trois livres: Syrie, 55, et Payram.
L'originalité de ce coffret réside tout d'abord dans son format, le traitement de l'image, l'histoire et le travail du photographe.
Payram s'est enfuit de Téhéran, en 1983, il avait 24 ans. Fuyant le régime iranien il s'est réfugié en France, à Paris où il vit en exile depuis plus vingt ans. En 2001, il part pour la Syrie, c'est un choc car le sentiment de familiarité et de ressemblance avec l'Iran est déroutant. Ce coffret de trois livres est un travail documentaire qui retrace les souvenirs de jeunesse de Payram.
« Je suis iranien. Né iranien. Je suis photographe. Tireur. Exilé. Je suis toujours exilé. J'ai été contraint, en 1983, de quitter définitivement l'Iran. J'ai alors arrêté d'écrire pour me consacrer à la photographie. 20 ans plus tard, j'ai été abasourdi de retrouver en Syrie l'image que je me faisais de l'Iran de mes grands parents. J'ai reçu ce paysage comme un cadeau d'une autre époque. C'était comme entrer dans un rêve d'enfant fiévreux. Comme un brouillard qui se dissipe. Comme un rêve qui prend chair sur les traces d'un paradis perdu. »
© Payram
Par la suite il multipliera ses voyages en Syrie. Nicolas Cartier qui éclaire les trois livres par des textes, a suivi le photographe dans chacun de ses périples. Dix ans de travail ont été nécessaire pour construire ce coffret. Le dernier voyage en Syrie de Payram et Nicolas Cartier, date de janvier 2011, peu avant que la révolte éclate. Ici, il ne s'agit en rien d'images de révoltes, de massacres, et d'émeutes. Syrie 55, nous dresse le portrait de la Syrie avant la révolution, Payram raconte l'histoire de son peuple.
© Payram
De ces séjours sont issues les trois séries de polaroids : Métal, Savon, et Pierre. « Trois matières qui font renaître en lui les souvenirs de sa jeunesse iranienne : le bazar de Damas lui rappelle celui qu'il parcourait avec son père ; les savonneries d'Alep ont la même odeur que celles de Maragheh où sa mère achetait des savons pour la famille ; la pierre évoque les carrières du quartier de Gorgan, où travaillaient les tailleurs, croisés quotidiennement sur le chemin de l'école.»
Payram photographie uniquement avec le polaroid 55, « l'épreuve instantanée, unique et fragile » comme le définit le photographe. Ce polaroid est son permis de travaille qui lui permet de passer des journées entières aux côtés des artisans syriens.
© Payram
Nul doute que Syrie 55 sera conquérir les lecteurs passionnés ou amateurs de photographie. Les textes de Nicolas Cartier complètent parfaitement les polaroids de Payram grâce à des anecdotes, des indications, il raconte des mythes, des histoires. On est plongé dans leur voyage, avec le plus grand plaisir.
© Payram
Alexandra Lambrechts, 10 février 2012.
Coffret de 3 livres Format : 24x34 cm,
64 pages quadri sur papier certifié
Couverture cartonnée, relié pleine toile
Tiré à 1.200 exemplaires
Prix : 39 euros.