© Maia Flore, Big Head Poetry I, 2011
Dans la petite galerie Madé, cachée au fond d'une cour de la rue de Lancry, on découvre les images de Maia Flore, jeune (née en 1988) recrue française de l'agence VU découverte aux récentes Chic Art Fair et Fotofever.
Placée sous le patronage d'une phrase d'Edgar Allan Poe - «Ceux qui rêvent le jour sont ceux qui savent beaucoup de choses qui échappent à ceux qui rêvent la nuit», sa série Sleep Elevations présente de jeunes femmes suspendues en l'air, attachées à divers objets (fleur, bateau miniature, voile) et comme assoupies. Les paysages au dessus desquelles elles s'élèvent sont vastes, couverts de neige ou de prairies, et invitent au voyage.
L'accrochage de la galerie Madé nous fait également découvrir les dernières images de Maia Flore, issues de la série de portrait Big Head Poetry, dans lesquelles une jeune femme cache son visage derrière ses cheveux enroulés autour de sa tête ; comme dans la série précédente, c'est souvent la photographe elle-même qui se met en scène dans ce travail sur l'identité et sa dissimulation, le mystère du portrait et de ses limites.
L'exposition permet donc de suivre une jeune photographe prometteuse, qui d'une série à l'autre dépasse le risque de la simple photo d'illustration en creusant le filon de l'identité bercée avec une grande maîtrise technique - et on préférera penser que ces jeunes filles flottent en l'air par magie !
Antoine Soubrier, le 14 février 2012.
Après le succès remporté aux foires de photographie contemporaine Chic Art Fair et Fotofever Paris, la galerie Madé vous invite à (re)découvrir le travail d’une jeune artiste aux talents prometteurs, Maia Flore. Pour sa première exposition solo, Maia présentera la série complète Sleep Elevations, ainsi qu’une sélection de tirages de sa nouvelle série, Big Head Poetry.
La démarche de Maia s'inscrit dans une recherche de coïncidences entre notre monde et celui de notre imagination, un univers qu’elle a créé de toutes pièces et dans lequel elle s’amuse à mettre en scène ses photographies. Sleep Elevations, sa première série de photographies, dévoile une atmosphère légère où des jeunes filles lévitent entre rêve et éveil et s’envolent au-dessus de paysages infinis, au-dessus de la neige, du sable, de la ville. En grand format, les douze tirages transportent le spectateur dans un monde délicatement bercé entre réalité et imaginaire.
« Ceux qui rêvent le jour sont ceux qui savent beaucoup de choses qui échappent à ceux qui rêvent la nuit » écrivit Edgar Allan Poe, une citation qui inspire la jeune photographe. « Qui n'a jamais rêvé de s'envoler dans son sommeil ? » nous demande-t-elle. Sleep Elevations, poétique et onirique, donne au spectateur une vision très personnelle de l'artiste. Les jeunes filles, suspendues à quelques mètres du sol par divers objets, nous rappellent cet état chancelant de l'instant qui précède le réveil brutal, quand tout bascule, de la léthargie à la veille. L'abandon de soi et le flottement sont les thèmes utilisés par Maia pour nous permettre à notre tour de nous envoler vers des intants irréls et éphémères.
Sleep Elevations - édition limitée de 7 + 2 EA / Fine Art paper / 100 x 80 cm © Maia Flore, Sleep Elevations XII, 2011
Avec Big Head Poetry, on reste dans un univers curieux, mais où les paysages immenses et romantiques font place à un décor classique de studio de photographie. Des portraits surréalistes et anonymes composent la série. Au centre de chaque photographie, une jeune fille, délicate et raffinée, dont le visage est masqué par sa chevelure. Ce travail récent amène le spectateur à se poser de nouvelles questions, dans l’ère du temps, sur l'identité et la dissimulation de la personnalité de chacun. La chevelure devient son second visage et s’amuse à nous rappeler la fragilité de la vie, ce temps qui passe et qui parsème notre crinière de fils blancs, sans que l'on ne s'en aperçoive. Ces portraits classiques, presque comme de banales photos d'identité, se tournent vers nous sans que nous puissions atteindre un regard dans lequel nous aimons deviner une expression.
Ces cheveux, qui cachent la présence habituelle d'un visage, obstruent notre vision et entravent la reconnaissance de l'autre, nous laissant seuls face à un imaginaire qui tente d’imaginer une identité. Mais derrière l'inconnu se trouve aussi une part de séduction, un mystère que seules la pensée et la divagation peuvent percer. Telle Aphrodite qui dissimule sa nudité derrière ses longues boucles, ces jeunes filles se rient de l’apparence et cachent toute leur humanité à nos regards curieux. En ne révélant qu’une enveloppe de soi, et par l’esthétique surréaliste, cette chevelure défie les préjugés du paraître.
© texte : Galerie Madé