Alexander Gronsky. Untitled 29, Chine, 2011© Polka Galerie.
Chronique de l'exposition :
Deux expositions qui se jouent de nos idées préconçues. Un travail qui veut emmener le visiteur plus loin. La galerie Polka nous offre deux artistes, deux angles de capture de l'instant. Entre la dualité de la Chine d'Alexander Gronsky et les scènes de théâtre de la vie de Raymond Cauchetier, le voyage commence.
La première étape nous mène à la rencontre du photographe russe Alexander Gronsky, qui vit aujourd'hui en Lettonie. Déjà exposé à la Galerie Polka, Gronsky, qui se définit comme un photographe de paysage, propose ici quatre diptyques, prise de vues de l'Empire du Milieu contemporain. Mountains and Waters pourrait se lire simplement : L'image d'une Chine qui balance entre ses villes et ses territoires plus reculés, entre son développement économique fulgurant et ses racines maoïstes. Mais dans son œuvre, dont le titre est la rencontre de deux idéogrammes asiatiques, Gronsky veut se détacher d'une simple représentation, d'une « fenêtre pour l’œil du spectateur ». Il voit dans ses clichés, réalisés en 2011, une « métaphore ». Avec ce travail sur la Chine, il reprend les codes de narration du paysage, de la peinture et de l'art en extrême Orient.
Comme l'explique Jean-Kenta Gauthier, directeur des ventes de la Galerie, cette représentation se fonde « sur un principe de dualité vide-plein, avec la montagne en plein et l'eau en vide ». Ces photos sont des bordures des plus grandes villes chinoises, mais, selon le souhait du photographe, elles n'ont pas de titre ou de précision sur le lieu du cliché. Cela pour « ne pas que l'on voit dans son travail une illustration de la Chine d'aujourd'hui, mais plutôt un appel à la méditation », explique encore Jean-Kenta Gauthier. Des photographies à la frange du monde urbain, comme un « monde en suspend », ajoute t-il. Même si elle peuvent "renseigner" sur l'état actuel de cette puissance émergente, ces clichés ne sont pas documentaires au sens où ils voudraient rapporter une réalité.
L'objet de cette série est bel et bien, dans le prolongement des deux idéogrammes qui forment le titre du travail d'Alexander Gronsky, de « s’approprier les codes de composition asiatiques du paysages, en photographie », conclut Jean-Kenta Gauthier.
Mathieu Brancourt, le 30 janvier 2012.
Alexander Gronsky (Tallinn, Estonie, 1980) consacre son travail photographique aux paysages.
Pour Mountains & Waters, il s’est rendu à la lisière de Shanghai, Chongqing ou Shenzhen, ces mégalopoles chinoises où l’agitation génère un désordre quasi chaotique. « Mountains & Waters » est une série de dyptiques de grand format : à une esthétique proche de l’école de Düsseldorf, Alexander Gronsky marie une conception chinoise du paysage, moins descriptive que mentale. Le diptyque permet d’élargir le champ de vision et de rester fidèle à la dualité de la pensée chinoise : l’association des idéogrammes « montagne » (山) et « eau » (水) forment en chinois le mot « paysage » (山水).
Mountains & Waters est le dernier travail d’Alexander Gronsky. Sa série précédente The Edge a été récompensée entre autres par les prix Aperture Portfolio 2009 et Foam Paul Huf 2010. Mountains & Waters lui a déjà valu le prix Photo-Levallois 2011. Alexander Gronsky vit aujourd’hui à Moscou.
© Texte : Polka Galerie
Alexander Gronsky. Untitled 30, Chine, 2011. © Polka Galerie