La tête dans le sac, Tirage argentique © Captain Fluo
Hôtel Lutetia 45, boulevard Raspail 75006 Paris France
De janvier à juin, les auteurs de la VOZ'Galerie s'exposent dans la très parisienne Brasserie du Lutetia et présenteront le travail de trois photographes : Catherine Henriette, Captain Fluo et Grégory Brandenbourger : trois univers alliant originalité, inspiration et messages forts.
Janvier/février : Catherine Henriette
Un voyage de sept ans en Chine, un périple enchanteur au cœur de l’Ethiopie, autant de visages du monde parcouru au travers d’une sensibilité à fleur de peau, et le regard, toujours et surtout le regard, rempli d’admiration, dépassant les frontières comme autant d’images intemporelles au combien présentes. C’est en jetant un voile sensible sur le quotidien de ceux qu’elle rencontre au fil de ces déambulations que Catherine Henriette rend palpable l’atmosphère ambiante du monde qu’elle cherche à apprivoiser. Les émotions immanentes aux paysages et à ses habitants viennent à elle dans un calme et une volupté toute puissante ; lui parlent. Catherine Henriette tend l’oreille, elle écoute pour mieux regarder. Son objectif comme témoin de son ressenti. Le cadrage est simple, les mouvements arrêtés. L’esthétique porcelainée vibre par son silence. Les images de Catherine Henriette racontent l’Histoire, racontent la vie.
Le temps s’arrête l’espace d’une minute en Ethiopie, l’objectif capte les regards, contemple les instants et les fige dans des couleurs criantes, vecteur de l’expressivité du moment. L’œil se fait interrogateur en Chine. Ici, c’est l’homme au confluent d’une histoire douloureuse, d’une société en pleine mutation qui se cherche une identité. La couleur se fait discrète. Le rouge tient lieu de fil conducteur, de point de repère, de point focal. Posé çà et là, il vient rompre l’univers chromatique donnant un caractère énigmatique au lieu, hors du temps, signe d’une fin ou peut-être d’un commencement. Catherine Henriette nous parle des hommes, perdus ou apprivoisant un environnement avec lequel ils vivent en symbiose. Qu’il ait été domestiqué ou sublimé par l’homme, celui-ci les soumet parfois à son bon vouloir, tel une allégorie de la condition humaine. Dans ses photographies, l’homme est à l’échelle de l’immensité du paysage qui prend alors une dimension métaphysique. Parce qu’il porte la marque des traces de l’homme, parce qu’il l’abrite, le monde environnent est le reflet de leur histoire, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre de la planète. En saisissant l’instant, en s’abandonnant à lui, Catherine Henriette nous renvoie le monde, l’homme. Elle est le témoin de la vérité de la vie.
La cité interdite, tirage argentique © Catherine Henriette
Mars/avril :Captain Fluo :
Le nom de ce photographe français reflète bien l’originalité du personnage et des photographies que cet artiste passionné et atypique nous livre depuis le début des années 1980. A cette époque, la première vague de Street Art se révèle et s’impose dans le milieu de l’art contemporain. Captain Fluo rencontre son acolyte Speedy Graphito, artiste urbain adepte du pochoir, et fonde avec lui le groupe « X-Moulinex ». L’équipe se dissout rapidement et le Captain poursuit sa route. Directeur artistique adjoint pour la revue PHENOMENE de 1985 à 1986, on a pu le retrouver à Paris lors de performances aux Galeries Lafayette et à la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain), à la galerie M à Berlin et plus récemment dans les foires d’art contemporain de l’Europe du Nord. Il a par ailleurs collaboré avec le journal Le Monde de 2000 à 2005 où ses photos ont illustré de nombreux articles. Captain Fluo revisite dans ses œuvres le thème des vanités ou encore des westerns dans une atmosphère mêlant la poésie et l’humour à un esprit toujours décalé. On retrouve ainsi dans ses créations une fée à tête de mort (Les jolies colonies de vacances), un manchot s’accouplant avec un cochon (Ça Mexique beaucoup) ou encore un alien fait de gousses d’ail (Ail ail ail, alien)… Quelles soient rationnelles ou extravagantes, les photographies du Captain Fluo nous embarquent dans un univers authentique et percutant, dans lequel l’imaginaire et la dérision sont les maîtres mots.
Mai/juin : Grégory Brandenbourger
C’est en 2007, au cours de ses études de photographie, que Grégory Brandenbourger, jeune photographe Belge, commence à travailler sur son thème de prédilection, les paysages industriels et les zones de constructions. Il réalise deux séries, Industrial landscape, travail en noir et blanc sur les zones industrielles de Dunkerque et Building Site, travail en couleur sur les zones de construction, qu'il n'exposera pas, mais qui sonnent comme un prélude à son travail futur, la série In Transit qu’il débute en 2008. Dès l’année suivante, il est lauréat du tremplin Young Talent à la Brussels Affordable Art Fair où il présente pour la première fois sa série. Dans ce travail où il met en scène des paysages industriels, Grégory Brandenbourger cherche à perturber la vision du spectateur, à semer le doute en lui. Qu’est-il en train de regarder ? Poursuivant une esthétique du neutre et utilisant une palette de couleurs assez réduites qui captent l’œil, il s’amuse à jouer entre le réel et l’irréel. Le point de vue frontal, l’absence de perspective et les différents rapports d’échelle sortent le sujet photographié de son contexte. Les quantités, les matières créent un décor irréel, proche de l’abstraction. Abstraction renforcée par l’absence de traces qui pourraient trahir l’époque de la prise de vue et confère ainsi à ces photographies leur intemporalité. Privé de référence extérieure, tant spatiale ou temporelle, le spectateur n’identifie pas immédiatement ce qu’il regarde. Puis un détail lui permet de réorganiser sa vision. Poursuivant aujourd’hui plus en avant la démarche artistique débutée avec la série In Transit, Grégory Brandenbourger travaille en parallèle à un projet : la série iD[portrait], se basant sur les techniques d’images 3D.
In Transit #09 © Grégory Brandenbourger
© VOZ' Galerie