© Vincent Perrottet
La Traverse 28-38 rue Henri Tasso 13002 Marseille France
Vincent Perrottet est connu et reconnu pour la force, la rigueur et la beauté visuelle et émotive de ses créations graphiques. Les mots, comme la photographie, servent de matériaux de base à un travail qui s’inscrit, par sa diffusion, comme un commentaire sur le monde tel qu’il va. La résidence à Frais Vallon lui a donné le temps de rencontrer et d’écouter les habitants de la cité, pour ensuite concevoir un travail graphique.
Nous souhaitions que le travail de Vincent Perrottet interroge l’espace d’habitation de la cité Frais Vallon sous l’angle du rôle social qu’il incarne : quels espaces pour la vie dans quels espaces de ville ? Comment se penser et agir en tant que citoyen quand l’espace quotidien est éprouvé comme un obstacle dans une trajectoire de vie individuelle ? Ces oeuvres vont aborder, dans la continuité du travail de l’artiste, le point d’articulation entre une réalité individuelle souvent éprouvée comme pénible et le désir de prendre part au collectif. Elles souhaitent pointer l’endroit où les histoires individuelles deviennent partie prenante de la mémoire collective.
« J’ai été invité fin 2010, à l’initiative de l’artiste Suzanne Hetzel par le Centre Social de la cité de Frais Vallon, sa directrice Andrée Antolini et son équipe, pour produire un travail graphique qui puisse, d’une façon ou d’une autre, nous faire réfléchir sur la vie de ce quartier de Marseille. Pendant une année, à raison de plusieurs voyages, j’ai rencontré, écouté et photographié des habitants de tous âges et des membres associatifs qui se battent pour que la cité vive malgré tout... Un état des lieux : Une des cités les plus importantes de l’hexagone, 14 bâtiments et toujours pas de noms de rue, 6000 habitants, mais pas de bibliothèque, ni de cinéma, 3 écoles maternelles, mais pas de jeux d’enfants, 2 écoles primaires mais pas de squares aménagés pour les familles, 1 collège de 650 élèves, mais pas d’équipements sportifs, culturels pour les jeunes, une ville dans la ville, mais pas de police de proximité, des associations et des services publics qui s’inscrivent dans la connaissance et la compréhension des populations, leur histoire, leur environnement mais des associations qui ne peuvent plus se satisfaire de budgets au rabais, des associations, pourtant qualifiées "d’exemplaires" par les financeurs et les acteurs locaux qui n’ont pas les moyens de leurs projets, ne souffrance sociale vécue par des habitants, mais aussi par les associations et intervenants du quotidien en première ligne.
Ghettoïsation, désespoir, impuissance, disparités de traitement entre les territoires prennent le dessus sur énergie, travail en collectif, expertise, savoir faire et compétences des habitants. Un gouffre se creuse. Comment dans ces conditions mettre en oeuvre les valeurs qui animent notre projet ? J’ai fait une série d’images-affiches, portrait de Frais Vallon au travers de 24 personnes y vivant ou y intervenant quotidiennement et des textes qui disent les problèmes et les espérances de celles-ci. Un an de travail pour la réalisation de 32 affiches 60x80 cm. J’ai la volonté de traduire dans ces portraits la force et la beauté que j’ai trouvé dans la résistance de celles et de ceux qui ne se résignent pas à vivre indéfiniment dans des quartiers dits sensibles ou difficiles, qui croient qu’il est possible de se battre et de changer les conditions de cette vie. On peut rêver... et puis réaliser ses rêves ». Vincent Perrottet
© texte : La Traverse
© Vincent Perrottet