© Alex Da Corte Michael, Michael (Self Portrait), 2011
Galerie Olivier Robert 5, rue des Haudriettes 75003 Paris France
Pour cette première exposition en France, Alex Da Corte s’est inspiré d’Halloween, film nyctalope et cauchemardesque de John Carpenter, mettant en scène un homme surnommé La Forme, qui pourchasse des jeunes filles dans la petite ville d’Haddonfield. “D’une certaine façon, écrit le jeune artiste américain, j’y vois une Odyssée, l’errance d’un héros à la recherche d’une raison de vivre, en quête d’amour et prêt à lutter pour survivre”.
La Forme, ce personnage trouble, au visage masqué et au nom indéfini, surgit à plusieurs reprises dans l’exposition. A chaque fois, dans ses photos ou dans ses objets, Alex Da Corte lui prête la substance immatérielle de ce flux qui court d’une maison à l’autre, entre les gens, qui assure, entre eux, le fil de la communication, ce fluide qu’est le langage ou la mémoire, et qui, la nuit, alimente aussi bien les rêves et les cauchemars. De là d’ailleurs la récurrence dans l’exposition du motif du téléphone portable, objet de communication et de malentendus à répétition.
Les objets installés dans l’espace forment une composition quasiment picturale, un tableau d’ensemble, voire une nature morte. Ils y perdent leur fonction première, se combinent les uns aux autres, sans exister seuls ou pour eux-mêmes, mais bien plutôt pour leur aspect formel et leur couleur. Ainsi leur gamme chromatique –orange et bleu- dérive-t-elle d’une des photos exposées. Et cette vieille peau granuleuse, poche orange informe distendue, remplie d’un liquide vert et gluant, n’a plus grand chose du ballon de basket qu’elle était.
© Alex Da Corte Repossession (front), 2011
Ainsi, Alex Da Corte crève les icônes contemporaines (celles du sport, comme celle d’un film d’épouvante), recueille leur coquille, vidée de leur substance ou de leur symbolique, pour les étaler au sol, non pas comme des reliques, mais comme des objets sans qualités. Des Formes célibataires.
Judicaël Lavrador
Alex Da Corte (né en 1981) vit et travaille à Philadelphie, PA. Le travail de Da Corte est exposé aux Etats-Unis et à l’étranger, plus récemment à l’ICA de Philadelphie, dans l’exposition How We Escaped: Reflections on Warhol et également au Museum of Modern Art, PS1 MoMA, la TEAM Gallery, Nicole Klagsbrun Gallery, et Yvon Lambert Gallery à New York, Or Gallery à Vancouver, le Contemporary Art Museum de St. Louis, Fleisher Ollman Gallery et Jolie Laide gallery à Philadelphie et au Hammer Museum à Los Angeles. La galerie Olivier Robert a déjà exposé son travail lors d’une exposition collective Désirs Archaïques en 2010.
Vignette : © Alex Da Corte, Michael, Michael (Self Portrait), 2011