© Judith Lorach
La Fontaine Obscure Impasse Grassi 13100 Aix-en-Provence France
La révélation photographique rend visible une image latente : cette image ne se manifeste pas encore, mais demeure susceptible d’apparaître à un moment choisi. Ce sont ces images endormies que Judith Lorach s’autorise à réveiller dans son installation photographique « Latentia - les absences révélées ».
Comme dans ses travaux précédents, elle revisite ce temps fugace dont on ne saurait dire s’il est celui de l’apparition, deladisparition, de la mémoire presque évanouie ou du souvenir juste renaissant.
Pour cette installation, l’artiste a capté dans ses grands tirages couleurs numériques les passages ou les disparitions de personnages anonymes. A peine réalisée, la photographie devient alors une trace, une preuve de l’absence, le support d’un deuil à venir mais aussi le moyen ultime d’une survivance, voire d’une réapparition. Cette survivance ne peut s’opérer que par une réinterprétation où la fiction se mêle au souvenir.
Parallèlement, elle a collecté de vieux négatifs du début du XXeme siècle trouvés sur des brocantes (photographies sur verre au gélatino-bromure d’argent), qu’elle a recadrés, puis révélés en les retravaillant sur des plaques de verre, redonnant une existence à ces êtres disparus, dont même les proches n’ont pas su ou voulu cultiver la mémoire. Il ne s’agit pas là d’une simple restitution. Les négatifs pourraient demeurer des cénotaphes où gisent, insensibles au temps, les traces de vies disparues. Mais lorsqu’elle apparaît, l’image photographique représente aussi le vestige indéchiffrable d’une réalité que nous ne pourrons que réinventer.
En faisant réapparaître ce qui a déjà disparu, et disparaître ce qui était encore existant, la confrontation de ses objets photographiques déplace nos repères: le regard du spectateur oscille entre un présent éphémère et un passé dont on ne saura jamais ce qu’il fut vraiment.
Vignette : © Judith Lorach