© Marc Peverelli, What’s blue,noisy cat ?, 2000
« ... or, c’est ce clivage, et plus encore, cette discrépance cultivée entre ces deux modes de présence au monde qui définit le rapport idéal entre la photographie et l’écriture. »
Robert Pujade, in Une lettre aux aveugles, la critique photographique d’Hervé Guibert, 2011
A propos du texte, de la photographie, et des textes de Robert Pujade sur la photographie.
Depuis les origines de la photographie, celle-ci a toujours été accompagnée par le texte, depuis L'Autoportrait en noyé d’Hippolyte Bayard et les quelques lignes que l’on trouve au dos de cette image.
Ces textes peuvent prendre différentes formes, de quelques mots pour une légende sur un cartel au texte littéraire, de la critique journalistique à l’analyse sémantique. Ceux de Robert Pujade ne sont pas la béquille qui manque à certaines images de presse pour être perçues sans contresens, ces éléments d’information qui ne sont pas, qui ne peuvent pas être contenus dans l’image. Ils ne sont pas, non plus une réaction épidermique, positive ou négative, rejet ou enthousiasme vis à vis d’une œuvre photographique comme on en trouve parfois dans les comptes rendus d’exposition. Il s’agit encore moins d’une quête désespérée de sens dans la géométrie de l’image, dans le placement de tel ou tel élément à tel ou tel endroit. Au contraire de tout cela, ils s’inscrivent résolument dans le champ littéraire.
Pour Robert Pujade, l’écriture sur la photographie, sur les photographies, sur les œuvres de ces artistes qui sont très souvent ses amis, est l’occasion d’une réflexion sur ce medium si particulier, sur sa capacité à transmettre une information, un sentiment, l’indicible ; sur sa capacité à nous émouvoir ou nous provoquer, à nous faire réfléchir, ou au contraire, à nous submerger. Les textes de Robert Pujade sont également pour le lecteur un point d’entrée dans les œuvres. Sans être didactique, il nous conduit dans ces méandres, nous guide dans ces mondes différents, sans rien imposer, simplement pour nous permettre de mieux les appréhender, les ressentir, et pour ressortir un peu grandis.
Pour les artistes, photographes, le texte écrit sur leur travail est une chose également très importante.en effet, il s’agit là d’une reconnaissance de leur identité d’artiste : « on écrit sur mes œuvres, donc je suis un artiste ». Ce besoin de reconnaissance sociale, quasi existentielle, (que recherchait déjà Hippolyte Bayard en son temps) est bien l’un des moteurs essentiels de la création contemporaine.
C’est donc dans ce contexte et tout naturellement que deux lieux destinés à la photographie contemporaine, la galerie Vrais Rêves et la galerie Domus ont décidé de conjuguer leurs efforts pour rendre hommage à Robert PUjADe, à travers deux expositions, à la scénographie innovante et adaptée, consacrées à ses textes et à ses amis photographes.
Rémy Mathieu, Galerie Vrais Rêves.
Vignette : © Marc Peverelli, What’s blue,noisy cat ?, 2000