© Jean-Luc Meyssonnier
Peut-on être amoureux de sa terre natale ? C'est la question que pose Jean-Luc Meyssonnier à travers son ouvrage Le pays d'en haut. Premier opus d'une trilogie sur l'Ardèche, préfacé par Lucien Clergue, ce livre imposant comporte photographies et textes. Meyssonnier s'est entouré d'auteurs tel qu'Hélène Ribot, Jean-Gabriel Cosculluela, Jacques Estager, Gil Jouanard, Hervé Ozil et d'autres.
Ces clichés en noir et blanc présentent plus que des paysages, et plus que « le pays d'en haut » que tend à nous montrer le photographe. Ils dépassent la simple volonté de mettre en valeur une géographie particulière où plaines et plateaux semblent être nappés dans un glaçage sucré. Jean-Luc Meyssonnier façonne son image comme on fabriquerait un rêve. Peut-être est-ce l'influence de Michel Sima, photographe et sculpteur ardéchois qu'il assista de 1980 à 1985. Quoi qu'il en soit, les clichés de ce livre regorgent de cette détermination d'effacer l'ombre, marque de fabrique de ce photographe à la sensibilité incroyable.
Les mots apposés aux photographies sonnent justes et tendres. Ils éclairent sur les sensations et les sentiments qu'inspirent ces images, comme si les histoires de Meyssonnier n'aspiraient qu'à être dévoilées. Jacques Estager, dans le texte intitulé « Terre immobile, ciel transparent » : « quelqu'un ne vient pas, il est loin, au haut et au bas, des vallées où la terre transparente sur la terre et le temps transparent dans le temps ne restent pas, qu'un vent emporte » Son souffle est emporté par les vents hivernaux balayant les plaines, la ponctuation déliée pour brouiller les pistes. Certains racontent leur Ardèche avec une griffe autobiographique, comme Pierre Rabhi ou Gil Jouanard. D'autres racontent les photographies par des visions savoureuses comme Jean-Jacques Salgon qui place les vaches en reines. Les styles abondent selon les écrivains, mais on retrouve en chaque mot un écho à chaque photo.
Dans un style très épuré qui tend à aller vers l'essentiel, le photographe capte toute la beauté d'un monde poétique qui gagne à être connu. D'une simplicité déroutante, ses clichés nous touchent et s'adressent naturellement à notre sensibilité. Les paysages intimes et les textes qui les accompagnent font de cet objet littéraire une très belle œuvre. Le grand format permet une bonne visibilité des clichés. On ne perd pas un seul flocon de neige immortalisé par Jean-Luc Meyssonnier.
Lise Ménalque, lundi 12 décembre 2011
Vignette et images: © Jean-Luc Meyssonnier