© Pascal Mougin
La galerie NEGPOS a l’honneur de vous inviter à visiter l’exposition de Pascal Mougin, Nord qui se tiendra du mardi 13 novembre au samedi 14 janvier 2012, accueillie par la bibliothèque du Carré d’art à Nîmes dans le cadre de la septième édition des Rencontres Images et Ville et de la Biennale Images et Patrimoine / Espace Public (BIP).
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h.
A noter : Pascal Mougin assurera entre le 13 et le 16 décembre des permanences de 14h30 à 16h au Carré d’art pour l’expo Nord.
L’écrivain Claude Simon (1913-2005) est mobilisé en août 1939 comme brigadier au 31e régiment de dragons. Mois d’hiver dans les Ardennes. 10 mai 1940 : les troupes de Rommel entrent en Belgique ; le 31e de dragons fait partie de la division de cavalerie envoyée pour contrer l’offensive. Premières pertes le 12 mai lors d’un affrontement près de Namur.
Ordre de repli vers l’ouest. Attaques de l’aviation allemande. Les cavaliers repassent la Meuse. Le 17, à la frontière française, ils tombent dans une embuscade tendue par des blindés ennemis parvenus sur place avant eux. L’escadron de Claude Simon est pratiquement anéanti. Suit une errance exténuée de quelques rescapés en sursis, guettant partout les signes de l’ennemi embusqué, sans repères dans une nature verdoyante où les lignes de front ont disparu. Au soir du 17 mai, Simon et un de ses compagnons sont les deux seuls survivants d’un groupe d’une quarantaine de soldats. Ils seront faits prisonniers le lendemain. L’expérience de ces jours de mai est centrale dans l’oeuvre du romancier.
En 1995, dans un essai sur Simon intitulé L’effet d’image, je tente de montrer comment l’évocation de ces événements par l’écrivain, marquée par l’acuité que donne le sentiment de mort imminente et le flou d’une situation sans repère, produit sur le lecteur, à force d’évidence et d’étrangeté, l’impression « d’y être ».En 2010, aidé par les indications topographiques reconstituées par Simon en marge de ses romans, je parcours la partie du département du Nord située entre Avesnes-sur-Helpe et Cousolre, puis la Belgique jusqu’au sud de Namur, 80 km plus à l’est. Je comprends que rien ou presque de ce que je pourrai photographier ne correspond à mes souvenirs de lecture ni à aucune forme d’anticipation d’image : entre ce que je garde en tête des endroits évoqués par Simon, ce que lui et des milliers d’autres ont vécu sur place il y a soixante-dix ans et l’expérience possible du lieu aujourd’hui, l’écart est maximal. Le travail du souvenir, de l’écriture et de la lecture, la transformation du paysage et les mutations de tous ordres intervenues depuis, font, en définitive, l’incommensurabilité des situations.
Vignette : © Pascal Mougin