© Andreas Mahl, POLAROID 60 x 50 cm 2000, Patrick & Ge?rard
Double actualité cet hiver pour le photographe Andreas Mahl : en parallèle de l'exposition à la Maison Européenne de la Photographie intitulée Andreas Mahl, avec ses meilleurs voeux, la Galerie Binôme présente Dédoublements.
Andreas Mahl est reconnu pour ses expérimentations photographiques. Depuis ses débuts, il joue de l’évolution des techniques et des supports. Ce travail d’exploration prend souvent la forme d’une variation sur un même thème où le sujet se décalque en de multiples propositions. La sélection de la Galerie Binôme s’empare de ces jeux de double à plus d’un titre.
Cette fascination pour l’image et son double est d’abord manifeste dans les deux séries de portraits présentées. La plus ancienne décline ainsi, au Polaroid SX 70, le fameux portrait du couple formé au théâtre par Delphine Seyrig et Sami Frey dans la pièce La bête dans la jungle, dont il réalise l’affiche en 1981. Teintés, décolorés, déformés, inversés... les deux visages caméléon se plient aux humeurs ludiques du photographe.
Plus récemment, ces derniers travaux à la grande Chambre Polaroid ont pour thème la gémellité. Ses portraits troublants de frères jumeaux jouent à la fois sur leur ressemblance et sur leur caractère androgyne. Un goût pour l’ambiguïté qu’Andreas Mahl rapproche de la complicité partagée avec sa soeur jumelle. La beauté brute et sculpturale de ces visages peut aussi rappeler les portraits comparés de Ken Moody et Robert Sherman réalisés par Robert Mappelthorpe.
Cette stratégie des doubles se retrouve également dans les oeuvres abstraites d’Andreas Mahl. A la fin des années 90, il réalise une suite de Polaroids au bord des piscines à Majorque, utilisant les mouvements de l’eau pour déformer l’image, modeler le graphisme rectiligne des mosaïques. Deux compositions monochromes, un tryptique et un polyptyque associant 54 Polaroids de cette série dans une subtile conjugaison de bleus, sont exposées à la galerie.
Son goût pour les variations délicates émerge encore dans ses derniers travaux en date, des photographies minimalistes conçues comme de grandes toiles peintes au blanc d’Espagne. En alternant les prises de vue en positif ou en négatif, la palette immaculée des Mines blanches d’Andreas Mahl, selon l’expression d’Hervé Le Goff, vire à l’obscure et balade notre imaginaire : « arborescences sinistres, deltas de grands fleuves, houles d’apocalypse, végétation pliée par le vent, paysages assourdis de neige, à chacun de trouver les correspondances que ces images lui inspirent, à la suite d’un photographe familier de l’imprévisible» (H. Le Goff).
A la fois ludique et contemplatif, baroque et épuré, son travail photographique s’inscrit toujours en marge du réel, dans une fiction proprement mahlienne.
POLAROID SX 70
1981 Delphine Seyrig & Sami Frey
POLAROID 60 x 50 cm
2000, Déchirure
Vignette et image : © Andreas Mahl
Mise à jour : Prolongations jusqu'au samedi 14 janvier.