
© Victoria Klotz
Au Centre d’art contemporain, dans ce château empreint d'une histoire et d'une architecture prégnantes, l'artiste Victoria Klotz met en scène la narration d'un conte qui se déroulerait au sein d’un territoire sauvage où l'instinct animal de l'homme est suggéré, où la présence animale est figurée, où le prédateur semble guetter.
Le ravissement des loups, exposition qui concentre des pièces vidéos, sonores, et sculpturales dans le paradoxe d'un propos où le chasseur s'est assoupi, où le cerf s’est allongé, où, finalement le temps s’est suspendu dans une histoire où l’anthropologie, l’ethnologie et les sciences humaines sont autant de pistes d'exploration à la fabrication d’un imaginaire artistique.
Curieuse des sciences qui aident à définir l’humanité et l’animalité (biologie, ethnologie, zoo histoire, éthologie), Victoria Klotz questionne le rapport nature-culture et amène à revisiter l’équilibre ténu entre l’homme et son environnement.
Depuis une dizaine d’années, cette plasticienne fait l’expérience des territoires naturels. S’appuyant sur les ressources d’une aire, sa mémoire, sa population, s’imprégnant des milieux parcourus, elle imagine le paysage comme champ mental et met en exergue les éléments fondamentaux, identitaires, mythes et usages anciens, afin de convoquer le souvenir d’un réel oublié.
Avec un langage formel établi autour de scénarii, de dispositifs d’observation et d’écoute (installations in situ, films vidéo, bandes audio, photographies), Victoria Klotz explore la cohabitation entre l’être et son écosystème, questionne la sauvagerie, les comportements sociaux. Oscillant entre primitivisme et exotisme, autour d’une ruralité retrouvée, d’une jungle fossilisée, elle développe un bestiaire contemporain singulier qu’elle stigmatise, sans ambages, dans des scènes de chasse, des animaux empaillés...
L’esthétique de Victoria Klotz joue sur les contrastes tant dans la symbolique, la métaphore, que dans la restitution matérielle, instaurant une dialectique des contraires (noir/blanc, inversion d’images, etc.), impulsant des repères nouveaux à apprivoiser, demandant une vigilance aiguë, quasi instinctive.
Explorant les interactions entre patrimoine historique et création, Victoria Klotz s’éloigne autant d’une image romantique du paysage que de la vision idyllique du « mythe du bon sauvage » et, face aux questions sociétales, propose de nouvelles formes d’imaginaires singularisées par des productions hybrides.
« Quand chez d’autres, installations, performances, vidéos et photographies confinent à la griserie technologique, quand sciences et savoirs modernes folklorisent les attendus d’une rusticité dépossédée, Victoria Klotz elle, illustre à merveille qu’elle sait être artiste et dépositaire vigilante de la relation duelle, mais non moins réciproque, que nous entretenons avec notre environnement » (extrait texte Cac Le Parvis).
Vignette : © Victoria Klotz