Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Tangente Est.  Je préfère voyager en train, en bateau ou par la route. Apprécier les distances, franchir les frontières m'aide à mieux appréhender les réalités du Monde. La lenteur du trajet et la solitude m'amènent à l'état contemplatif nécessaire à mon regard. En décembre 2001, je quitte Paris en TGV, rejoins Moscou par un «corail» à la mode russe et embarque à bord du Transmongolien. Sa route se confond avec celle du Transsibérien. Arrivé au nord de la Mongolie, il bifurque et atteint Oulan-Bator après un trajet d'une semaine. La Mongolie évoque pour nous de somptueux paysages de steppes, parcourus par de fiers cavaliers nomades épris de liberté, mais nous oublions sa capitale où vit un million d'habitants, le tiers de la population du pays. Oulan-Bator, «le Héros Rouge», est le théâtre de transformations entraînées par son entrée brutale dans l'économie de marché. Privatisation, corruption, chômage, déroute des systèmes d'éducation et de santé ruinent l'économie du pays et augmentent le nombre des laissés pour compte. Deux hivers extrêmement rigoureux ont décimé des millions de têtes de bétail et provoqué un exode rural sans précédent. Chaque jour, Oulan-Bator voit sa population grossir avec l'arrivée de ces familles d'éleveurs qui plantent leur yourte aux abords de la ville. De nouveaux quartiers apparaissent. Cette nouvelle sédentarisation est la fin d'un mode de vie ancestral. L'architecture massive et rectangulaire des bâtiments de l'ère soviétique mêlée aux cylindres et cônes des traditionnelles yourtes mongoles créent un décor aux formes géométriques étranges. Beaucoup errent démunis et désoeuvrés, persuadés d'avoir aujourd'hui perdu une part de leur liberté. Laurent Chardon Ailleurs. La dramaturgie de Laurent Chardon s'articule sur la circulation d'énergies du déplacement. Son intérêt pour les nomades, la difficulté du nomadisme dans ce monde globalisé et normalisé, les grands espaces, l'ailleurs ne se dément pas. Cela n'a rien à voir avec le tourisme. Consommation obscène des ressortissants des pays riches, de clichés exotiques où l'autre, l'indigène est ravalé au rang de figurant. La confrontation avec l'autre, l'ailleurs est vitale pour Laurent Chardon. Il s'agit d'une pulsion de survie où l'appareil photographique est plus un creuset qu'un enregistreur d'expériences. Les formes qui sortent de ce processus sidérurgique suggèrent une espèce humaine errante entre ce qui l'a construite et les menaces qui l'accablent. L'exposition présentera deux tangentes. L'une, réalisée avec un appareil 6x6 en plastique a eu pour cadre la Mongolie. L'autre, au panoramique nous emmène en Mauritanie sur les traces du chanteur Daby Touré . Pierre Devin   Du lundi au vendredi 13 h - 17 h samedi et dimanche 15 h - 19 h. Visites de groupes sur rendez-vous. Vernissage le vendredi 30 septembre à 18h30 en présence du photographe © Laurent Chardon. Tangente Est, 2002. Collection de l'auteur.