© Fred Stein
Musée du Montparnasse 21, avenue du Maine 75015 Paris France
Redécouverte d’un photographe, Fred Stein (1909-1967) – pour la première fois exposé dans un musée français – que rien ne prédisposait à cette étrange destinée. A l’occasion de la parution en français des Ecrits juifs d’Hannah Arendt et de la réédition de la Biographie d’Hannah Arendt par E. Young Bruehl en novembre 2011, le Musée du Montparnasse propose, en partenariat avec les Editions Fayard et le Labex TransferS, une exposition des portraits de ce photographe.
Cette exposition présente les portraits d’une centaine d’intellectuels, d’artistes, de scientifiques, d’hommes politiques ayant vécu pour la plupart un double exil entre 1933 et 1942 : contraints à l’exode, ils ont d’abord fui l’Allemagne nazie, puis la France de Vichy et l’Europe en guerre.
Des clichés réalisés par un homme lui-même victime et témoin de ces départs forcés, et qui a découvert la photographie à Paris. Ou plutôt que la photographie a choisi : ayant reçu comme cadeau de mariage un Leica en 1933, Fred Stein s’est mis à arpenter tous les quartiers de Paris pour devenir un reporter des rues. « Le Leica m’a enseigné la photographie », disait-il.
Cet ami de Robert Capa et de Gerda Taro – qu’il est le seul à avoir immortalisés ensemble à la terrasse d’un café – a exposé aux côtés des plus grands photographes d’avant-garde : Brassaï, Cartier-Bresson, Man Ray, Dora Maar, André Kertész... dans la célèbre galerie de la Pléiade en 1935-1937.
Fred Stein fréquentait le milieu des réfugiés et celui de l’intelligentsia française, qui combattaient pour la dignité, la liberté de penser, la liberté de créer. Ses premiers portraits sont ceux d’André Malraux, de Willy Brandt, d’Arthur Koestler... Il en réalisera ensuite plus d’un millier à Paris et à New York, quasiment inédits en France jusqu’à aujourd’hui.
Voici enfin l’occasion de découvrir la vie étonnante et ignorée d’un photographe aussi érudit qu’humaniste, et les secrets de son métier. Fred Stein portait un réel intérêt à ses modèles, aussi curieux d’engager de longues discussions avec eux que de les saisir, avec son appareil, à la seconde où ils se détendaient et, oubliant l’objectif, se révélaient. D’où ces clichés d’un grand naturel et d’une qualité remarquable.
Vignette et image : © Fred Stein