© Massimo Berruti
Chapelle des Beaux-Arts de Paris 14 rue bonaparte 75006 Paris France
Massimo Berruti est un homme de terrain. Le lauréat de la seconde édition du Prix Carmignac Gestion du photojournalisme n’a, certes, pas choisi un terrain d’investigation facile en partant trois mois dans les zones tribales, berceau du terrorisme mondial qui abrite les camps d’entraînement des Talibans et d’Al- Qaida. Pour perpétuer, comme il a décidé très jeune de le faire, avec courage et lucidité, la tradition du grand reportage, mise en péril par une grave crise de financement, il faut un caractère bien trempé, des nerfs d’acier.
Son premier reportage au Pakistan, terre charnière déchirée par une spirale de violence meurtrière, date de 2008. Son objectif est de traquer la vérité et d’en rendre compte fidèlement, dans sa dimension à la fois tragique et humaine, sans craindre d’affronter les situations de détresse extrêmes.
" J’ai voulu dévoiler, au travers de mes clichés, parfois tragiques, comment ces gens souf- frent au quotidien du terrorisme perpétré par les talibans, mais surtout comment ils s’y opposent avec leurs faibles moyens et conti- nuent à vivre malgré tout. Je ne suis pas sûr d’avoir atteint complètement ce but à travers mes photos, car le terrorisme est quelque chose de compliqué, souvent impalpable, qui implique des intérêts très divers et parfois étrangers au pays où il se passe. "
L’exposition de Massimo Berruti, Lashkars, restitue tout le souffle du grand reportage à travers un accrochage traduisant fidèlement le courage de ces hommes et de ces garçons qui défient, heure par heure, jour et nuit, la peur constante d’un nouveau soulèvement des talibans. La sélection, qui comprend quatorze panoramiques, souligne les émotions des acteurs de ce drame à travers une grande diversité de cadrages, reflets d’autant de points de vue. Les cinquante-deux photographies respectent la chronologie, et une forme de continuité narrative, tout en procédant par allers-retours constants, manière d’écho aux allées et venues de Massimo Berruti dans la région de la vallée de Swat, au Pakistan, pour les besoins de son reportage et particulièrement en fonction des contraintes et des contrôles imposés par les autorités militaires.
Sans trace de cadavres ni atrocités visibles, la valeur des photographies de Massimo Berruti est de parvenir à saisir ces moments éphémères, qui marqueront l’histoire de leur empreinte.
Pakistan, Vallée de Swat, Mahnbanr (Tehsil Qilagai) près de la frontière de Dir, mars 2011 : les membres armés du Lashkar effectuent une « Pehra » (patrouille) sur une route enneigée qui mène à la localité densément peuplée de Mahnbanr dans la région de Qilagai Teshil. En raison du mauvais état de la route, les membres du Lashkar sont isolés pendant la période hivernale, ce qui rend plus difficile leur objectif de défense de la région.
Pakistan, Mahnbanr (Tehsil Qilagai), vallée de Swat, près de la frontière de Dir, mars 2011 : des membres du Lashkar effectuent la « Pehra », patrouille de nuit, postés sur le toit d’une maison située à l’entrée de Mahnbanr.
Vignette et images : © Massimi Berruti