© Jorge Alvarez
Le Cadre d'Olivier 6 rue de la Cerisaie 75004 Paris France
«Après des années de pratique photographique dans le reportage, une question a pris forme dans mon esprit: quelle serait aujourd'hui la représentation en images des réalités sociales sans passer par le reportage documentaire ? Ainsi, peu à peu, au fil des années, j'ai constitué une petite série d'images qui tournent autour de cette question centrale : pour aborder le réel en photographie faut-il obligatoirement être en situation de reportage ? Avec ces images j’aimerais provoquer un regard critique et distancié sur l’image photographique. A regarder notre entourage on croirait qu'elle a uniquement le droit de chercher une utopie, reproduire le réel. Pourtant, nous savons tous qu'une image ne peut reproduire le réel, elle le re-présente.
N'a t-on pas atteint la limite de la photographie documentaire ? Sommes nous hypnotisés par la photographie humaniste oubliant par la même occasion les capacités de ce jeune média né seulement au XIXè siècle.
Si le rôle social de la photographie a changé aujourd'hui au rythme des évolutions technologiques, ne faut-il pas envisager l’évolution des représentations de ces réalités dont on veut débattre ?
On peut affirmer que pour aborder le réel nous utilisons notre imaginaire. Mais ceci est systématiquement oublié, mis de coté. La photographie n'a t-elle pas les mêmes capacités que la peinture ? A force de confiner la photographie, tantôt dans le documentaire tantôt dans le conceptuel, nous nous privons d'un outil qui peut nous aider à l'échange et à la réflexion. Pour preuve de cette dérive contemporaine, regardez les réflexions des gens devant une image photographique, tout le monde voit (y compris le monde judiciaire) ce qui paraît être le sujet de l'image en oubliant tout la symbolique porté par l'image.
Par ailleurs, tout comme Plantu (*), je profite pour dénoncer l'admiration conventionnelle de nos concitoyens devant ces œuvres classiques qu'ils ne cherchent pas à comprendre et encore moins à critiquer. J’ai choisi de m’inspirer de l’iconographie occidentale classique, présente dans l’esprit des occidentaux. Non pas pour la plagier ou la caricaturer, comme certains le font actuellement, mais pour mieux développer mes propos.»
Jorge Alvarez Iberlucea
Vignette : © Jorge Alvarez