
Richard PETER, Vue de la tour de l’Hôtel de Ville, vers le sud, Dresde, entre le 17 sept. et le 31 déc. 1945 Epreuve Ancienne © Collection Michael Ruetz
Pavillon Populaire de Montpellier Esplanade Charles de Gaulle 34000 Montpellier France
Apocalypses, la disparition des villes de Dresde à Détroit (1944-2010).
«Le devenir des villes, selon l’historien Mumford LEWIS, se calque sur le modèle humain, dont elles découlent. Leur disparition (leur mortalité ?) est une règle qui , elles aussi, les concerne. Parmi les maux qui les menacent, Lewis pointe autant les effets dévastateurs des guerres, que le spectre de leur déshumanisation : dans les deux cas, l’inflation des technologies finit toujours par conduire, par des moyens différents, mais concomitants, à la disparition massive des villes. L’histoire, hélas, lui donne raison.
«Apocalypses, la disparition des ville. De Dresde à Détroit (1944 – 2010)», n’est certes pas une illustration des théories de Lewis. Mais cette exposition, proposée et construite par Alain SAYAG, venant s’inscrire dans la thématique consacrée, par le Pavillon Populaire, cette année, à la photographie urbaine, pointe du doigt, de façon parfois brutale (la photographie documentaire a parfois cet effet-là, même lorsqu’elle s’adoucit aux règles de l’esthétique), la double catastrophe urbaine proliférante, entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et maintenant. D’abord, en montrant ce sujet longtemps resté tabou : la destruction massive des villes allemandes par les bombardements alliés, à partir de 1943. Le romancier allemand W.G. Sebald, dans son livre «De la destruction comme élément de l’histoire naturelle» (1999), consacré à cette apocalypse effroyable, note combien l’amnésie collective s’est appliquée à cet événement historique sans précédent : « C’est ainsi que les aspects les plus sombres de l’acte final de destruction auquel assista l’immense majorité de la population allemande, sont demeurés un secret de famille, honteux, frappé de tabou en quelque sorte. »
LUCIE ET SIMON Madison SquareGarden, de la série Silent World, 2009-2012 © LUCIE & SIMON
Richard PETER - Squelette dans une des salles de la Kunstakademie, Dresde, 1945 © Deutsche Fotothek
De Dresde à Hiroshima, effacées par la guerre, des immenses métropoles contemporaines, volontairement vidées de toute présence humaine par les artistes, en un geste prémonitoire et prophétique, aux désolations architecturales récentes de grandes villes américaines, comme à Detroit, cette exposition, inattendue dans son propos et ses images, souvent montrées pour la première fois, nous renvoie aux rapports terriblement conflictuels entre l’histoire des villes modernes, et la violente désintégration que l’Homme, depuis plus de 60 ans, leur fait subir.»
Gilles MORA, Directeur artistique du Pavillon Populaire.
Vignette : Richard PETER, Vue de la tour de l’Hôtel de Ville, vers le sud, Dresde, entre le 17 sept. et le 31 déc. 1945 Epreuve Ancienne © Collection Michael Ruetz