© Stefanos Mangriotis
Actuphoto : Sur un sujet balisé, Stephanos Mangriotis offre des images noir et blanc éthérées, à la frontière de la photographie contemporaine. Sobre et calme, son reportage capte avant tout un moment d'attente reccuelli ; l'espoir des migrants de rejoindre l'Europe, dont il propose une vision personnelle, quasi onirique.
Patras est un lieu de transit. Cette ville portuaire à l’ouest de la Grèce, concentre de nombreux migrants, venus d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran, d’Erythrée, de Somalie, du Soudan, de l’Algérie et du Maroc. Ils guettent le moment adéquat pour se cacher dans un camion afin de monter à bord d’un bateau pour l’Italie. Déterminés, mais confrontés à la peur d’être attrapés, ils attendent des mois voire des années pour passer cette étape de leur voyage clandestin. Tout en sachant que d’autres barrières les attendent sur la route d’une Europe rêvée, «Europa inch’Allah».
Stephanos Mangriotis est un jeune photographe indépendant, co-fondateur du collectif Dekadrage. Ses origines grecques et sud-africaines l’ont amené dès ses débuts à travailler autour des notions de frontière, identité et migration. Il débute par un projet sur les similitudes culturelles entre la Grèce et la Turquie (Arkadash, 2005) et réalise une série sur les migrants qui tentent de rentrer clandestinement en Europe (Europa Inch’Allah, 2009 et 2010). Il apporte également un regard critique sur les dérives de notre société capitaliste (Urban Factory, 2007, Situations, 2008) et consumériste (Sapins Poubelles, 2007). En 2010, il est en résidence avec le collectif Dekadrage aux Émmaüs de Saint Marcel à Marseille pour la réalisation d’un reportage sur les compagnons et leur environnement, présenté en grand format sur le lieu même. Il participe au projet Borderline au Maroc sur le montage d’un laboratoire argentique et la formation d’élèves de l’Ecole des Beaux Arts de Tetouan. Il réalise la série «Dunya Hanya» s’ intéressant à l’évolution de la société marocaine entre occidentalisation et tradition.
En 2011, il travaille sur un reportage en immersion dans une maison de retraite pour l’entreprise Medifar. Il a grandi à Athènes, étudié les mathématiques et la philosophie à Bristol puis la photographie à Paris. Désormais, il vit et travaille à Marseille.
«Construites autour d’un mélange entre le style documentaire et la fiction, mes photographies cherchent à «raconter des histoires». Des histoires sans fin ni finalité, comme celle de ces trois jeunes hommes qui posent dans un hangar en ruines devenu pour eux une planque idéale. Les hommes de Patras sont pris dans une partie d’échecs où le prochain mouvement peut être fatal. Avant d’appuyer sur le déclencheur il y a un long moment d’échange. Je tente de ne pas faire des images «d’eux» mais des images «avec eux» prises dans un processus de partage.»
© Stefanos Mangriotis
108 pages Format : 22 x 22 cm Couverture Rigide
Éditions Images Plurielles Collection Librement ISBN : 978-2-919436-02-6
Prix : 25 € Sortie le 22 septembre 2011
Cet ouvrage a été édité avec le soutien d’Amnesty International
Vignette : © Stefanos Mangriotis