© Sladjana Stankovic
Maison d'Europe et d'Orient 3 passage Hennel 75012 PARIS France
Au début je voulais réaliser un travail photographique qui s'appellerait « Regards non détournés ». Il témoignerait à travers mon regard de l'univers de ceux qui vivent dans la rue, des « sans domicile fixe ». J'ai très vite compris à quel point c’était prétentieux. Je sortais dans Paris, j'adressais la parole, je ne posais qu’une seule question : « ça ne vous dérange pas si je reste un peu avec vous? »
Quand ils acceptaient très vite les histoires coulaient de leurs bouches. J’avais du mal à les interrompre, m’arracher et dire : « il faut que je parte » (j’évitais de dire « je rentre chez moi »). C’était bouleversant. C’était attirant et ça donnait aussi envie de s’enfuir à toute vitesse. C’était vrai et c'était incroyable. J’ai versé des larmes et j’ai rendu les armes. J’ai détourné mon regard. Accablée par leur douce acceptation de cette réalité qui est la leur.
Chacun d'entre eux représente un univers en soi, des univers que j’avais simplement essayé de regarder au travers de mon objectif. Voici ceux que j’ai rencontrés. Thierry. C'est avec lui que j'ai passé le plus de temps. Il s’inquiétait pour moi. Il disait que je devrais porter des gants, que le froid peut pénétrer dans le corps. Il disait que lui, il a l’habitude, et puis que le printemps arriverait bientôt.