© Girault de Prangey
Collège de France France
Dans la foulée des recherches réalisées pour l’exposition et la publication Miroirs d’argent. Daguerréotypes de Girault de Prangey. Vue de Suisse, de France et du Proche- Orient (du 30 novembre 2008 au 29 mars 2009), le Musée gruérien de Bulle a été invité à participer au 14e Congrès international des Arts Turcs qui se tiendra du 19 au 21 septembre 2011 au Collège de France, à Paris.
La conférence sera présentée par Christophe Dutoit (commissaire de l’exposition Miroirs d’argent) et Christophe Mauron (conservateur au Musée gruérien). Elle s’intitule Girault de Prangey, auteur des plus anciennes photographies connues d’Asie Mineure et de Constantinople (1843). Elle fait partie des 179 projets de recherche sélectionnés par le comité du colloque, sur un total de 404 soumissions.
Pour rappel, le Musée gruérien possède une collection exceptionnelle de 61 daguerréotypes – photographies sur plaques de cuivre argentée – réalisés en Suisse et en France voisine par Joseph-Philibert Girault de Prangey entre 1845 et 1850. Entre 1842 et 1844, Girault de Prangey réalise un Grand Tour de la Méditerranée; il réalise à cette occasion un millier d’images.
© Girault de Prangey
Blog du colloque:
http://blog.14thicta-parisfrance.net/category/general-information/page/2
Sur Girault de Prangey:
http://www.musee-gruerien.ch/fr/museum/index2_1.htm
Résumé de la conférence. Girault de Prangey, auteur des plus anciennes photographies connues d’Asie Mineure et de Constantinople (1843). Nous allons présenter les plus anciennes photographies connues d'Asie Mineur et de Constantinople réalisées, en 1843, par Joseph-Philibert Girault de Prangey, un aristocrate français. Nous nous intéresserons à la production de ces daguerréotypes et chercherons à mettre en évidence le «programme» et les intentions du photographe.
Né à Langres en 1804, Girault de Prangey étudie les lettres et le droit à Paris, avant de prendre des leçons de dessin auprès des peintres orientalistes Jules Coignet et François- Edmée Ricois. En 1831, il entame un premier tour de la Méditerranée qui le mène en Italie, en Afrique du Nord et en Espagne; il passe plusieurs mois à l'Alhambra de Grenade. Artiste talentueux et habité par le souci du détail, il réalise des moulages, des relevés architecturaux et des dessins de grande qualité qui seront publiés dans trois recueils de lithographies. En parallèle, il écrit également un traité érudit sur l'architecture arabo- musulmane.
Initié à la technique du daguerréotype, Girault de Prangey embarque en 1842 pour un «Grand Tour» qui le conduit en Italie, en Grèce, en Egypte, en Palestine, au Liban, en Syrieet en Asie Mineure. De ce périple qui durera trois ans, il rapporte un millier de daguerréotypes, dont on connaît aujourd’hui cinquante-six vues réalisées à Constantinople et le long de la côte de l ?Asie Mineure.
Girault de Prangey prend des vues de diverses mosquées (Constantinople, Scutari), de la tombe du sultan Mehmet I (Brousse), des vestiges grecs (Sardes) ou romains (Aphrodisias), des portraits dans la rue, ainsi que des photographies de maisons de pêcheurs le long du Bosphore, exemples typiques d'architecture vernaculaire.
A travers ces exemples, nous mettrons en évidence le caractère scientifique de la démarche de Girault de Prangey qui collectionne les vues de bâtiments afin de dégager les grands principes des architectures grecques, romaines, islamique et chrétienne, dans la droite ligne de ses travaux précédents. Nous expliciterons également quelques éléments de son esthétique, comme son habitude de cadrer des détails très serrés, d'isoler les bâtiments de leur arrière-plan ou d'utiliser des formats expérimentaux tels les premiers panoramiques photographiques.
Nous dévoilerons enfin les aquarelles que Girault de Prangey dessine lui-même d'après ses daguerréotypes et qu'il publie sous forme de lithographies, à l'instar des Excursions daguerriennes, de Lerebours. Pour l'Atmeïdan de Constantinople, une Rue à Scutari ou le Pont des caravanes, à Smyrne, nous présenterons les trois supports: le daguerréotype, l'aquarelle et la lithographie. Nous soumettrons en conclusion la réflexion suivante au public: l’image photographique ne semble pas être pour Girault de Prangey une œuvre en soi, mais bien un instrument de documentation au service d’un projet de connaissance.
Christophe Dutoit est né à Lausanne en 1971. Dès 1993, il fréquente l’Ecole d’arts appliqués de Vevey, où il obtient le 1er Prix pour son travail photographique sur les orphelins en Roumanie. En 1998, il intègre la rédaction du journal La Gruyère (Bulle). Sélectionné en 2004 pour réaliser la 4e Enquête photographique fribourgeoise, qui aboutira à la publication et à l’exposition Fenils, il publie la même année Fin de chapitre, un reportage sur le couvent des Capucins de Bulle. En 2008, il est coauteur de l’ouvrage Avec un F comme chanson. Commissaire de l’exposition Miroirs d’argent. Daguerréotypes de Girault de Prangey. Vues de Suisse, de France et du Proche-Orient et auteur de plusieurs textes pour le catalogue qui l’accompagne, Christophe Dutoit a également signé un texte d'introduction du catalogue de la troisième vente aux enchères de Girault de Prangey (Christies, New York, 2010). Il partage aujourd’hui sa vie entre le journalisme, la photographie et des mandats de recherche sur l’histoire de la photographie.
Christophe Mauron. Né en 1972, Christophe Mauron a suivi des études en lettres (histoire et journalisme) à l’Université de Fribourg. Conservateur au Musée gruérien de Bulle et responsable des fonds photographiques, il a réalisé plusieurs expositions et publications sur l’émigration suisse, l’histoire régionale, la peinture et la photographie. Responsable du comité de rédaction des Cahiers du Musée gruérien (collection d’histoire régionale), il a publié en 2008 (dir.) Miroirs d’argent. Daguerréotypes de Girault de Prangey. Vues de Suisse, de France et du Proche-Orient (Ed. Slatkine, Genève). Il co-dirige actuellement avec Isabelle Raboud-Schüle l’édition des catalogues du Musée gruérien en cinq volumes, La Gruyère dans le miroir de son patrimoine, à paraître en novembre 2011.
