© Laurent Schweyer
Galerie Photo des Schistes Caveau des Vignerons de Cabrières 34800 France
«Et puis il y a la verticalité, de bas en haut ou de haut en bas, qui sépare et réunit la terre et le ciel. Comme quand on est couché (par terre) et qu'on regarde la nuit au-dessus de soi (le ciel) à perte de vue et d'ivresse, jusqu'au sommeil. Ou quand on vole et qu'on contemple la terre en-dessous, juste en-dessous, bien en face comme on regarde quelqu'un dans les yeux pour voir ce qu'il a dans le coeur, et dans l'estomac. Pour savoir aussi ce dont il est fier et ce qui l'a fait souffrir. Car tout cela laisse des traces. Moi j'aime regarder sur la terre les traces qu'y laisse l'histoire des gens. C'est ce qui m'a guidé pour faire ces images.
Traces laissées donc par l'homme sur sa terre. Avec ses machines, ses chevaux, ses jeux, son travail ou ses vacances, ses voitures sur le sable ou dans la boue qui sèche. Ses champs marqués de son labour, la garrigue ravagée par l'incendie criminel, le mas coquet et familial niché au bord de l'étang, les marais salants abandonnés où se voient encore les rails des charrettes, les vignes gagnées sur le sable, le chemin qui serpente en Camargue entre terre et eau, emprunté par les hommes depuis des siècles (peut-être) et dont on pourrait entendre encore les pas craquer sur le sel séché. Il y a aussi les pas des amants sur le sable. L'humain est dans tout ça, il y laisse sa trace. Et même si sur le sable sa marque est bien éphémère, l'humain est là, visible. C'est de cette émotion-là que je témoigne ici.
L'Homme est éternel… mais lesquelles de ces traces seront encore visibles après les pluies d'automne ?»
Vignette : © Laurent Schweyer
