© Flore Lagarde
«Lumières sur la lumière.
C'est la lumière qui la mobilise et la fascine. La chose, en soi, n'aurait rien de surprenant, puisque la photographie n'est jamais que cela : une écriture de la lumière, précisément. Mais Flore Lagarde ne se contente pas d'écrire avec de la lumière : par surcroît, elle écrit sur la lumière. La lumière est ici à la fois le moyen d'expression et le contenu de cette expression.
Une grande part de ce travail photographique s'appuie en effet sur cela : Clartés, lueurs, halos, clair-obscur, ombres en silhouette, formes lumineuses se dessinant dans la pénombre, éclairage se reflétant sur l'eau...
L'artiste imprime à la couleur ce qui fait la force et le succès de la photographie en noir et blanc : le contraste, l'opposition, le repoussoir, la logique binaire.
Diptyques, triptyques, polyptyques de six, sept ou huit volets : la jeune photographe aime à construire son travail par séries. Elle rapproche des vues réalisées en des lieux divers et des circonstances éloignées, mais qu'une certaine qualité de lumière justement, ou une similitude formelle, ou une sensation de profondeur (ou de planéité), ou simplement une atmosphère, un « climat », invite à juxtaposer. Cette relation de parenté, que Flore Lagarde instaure entre des images au départ séparées, nous invite à reconsidérer le regard que nous posons un peu trop distraitement sur le monde.
Il y a, dans ces photographies, un léger décalage, un subtil déplacement (au sens presque rhétorique du terme), qui réintroduit le réel le plus quotidien dans sa double dimension : familière, mais énigmatique.
« Photographier ce qui m'échappe », déclare-t-elle.
Aussi bien : regarder ce qu'on ne voit pas.»
J.-L. Roux, pour les Affiches de Grenoble et du Dauphiné du 2 Octobre 2009.