
1949 - Jean-claude Dupuis et le coq de l'église
Chronique Offranvillaise du XXe siècle, une extraordinaire aventure collective.
Lorsqu’en mars 2008, le Photo-Ciné-Club Offranvillais organise son exposition « Offranville, cent ans après… » en l’honneur de Jean Dasnias, maire d’Offranville, qui a décidé de ne pas briguer un septième mandat, une rencontre inopinée va bouleverser ma vie pour les trois années à venir. C’est alors qu’une Offranvillaise de souche prend contact avec moi pour me montrer quelques images de famille, précieusement conservées. Martine Allais me présente alors une remarquable photo de mariage sur papier chamois datant de 1928, celui de Julien Selle, son père, et Marie Lefèvre et ô surprise ! la mariée était en noir. Pourquoi ? nous l’ignorions tous les deux.
Quelques semaines plus tard, nous en connaîtrons la raison. À la campagne, lorsque les mariées n’étaient pas trop fortunées, elles s’habillaient avec leurs plus beaux vêtements du moment. Et nous imaginions alors quels trésors devaient dormir dans les boîtes à chaussures et les albums de famille de nos contemporains… Et cela aurait pu en rester là !
D’une manière récurrente, une question revient constamment lors de nos réunions de club : que restera-t-il de l’ère de la photographie numérique dans 10, 30 ou 50 ans ? Nos enfants et petits-enfants n’auront plus les moyens techniques d’exploiter les fichiers numériques que nous conservons singulièrement au fond de nos ordinateurs ou sur des CD-Roms dont la durée de vie n’excède pas cinq années lorsqu’ils sont bien conservés. Notre mémoire contemporaine va tomber dans l’oubli, sauf pour quelques-uns qui sauvegarderont régulièrement leurs images… de leur vivant…, ou qui les imprimeront. Mais après…
À ce stade de ma réflexion, la perspective de monter une exposition à partir des images prises par les Offranvillais eux-mêmes, au siècle dernier, a commencé à faire son chemin et je m’en suis ouvert auprès de mes amis du Photo-Ciné-Club Offranvillais. L’idée les a séduits, même si nous n’imaginions pas encore vers quoi notre démarche déboucherait. Du moins, la collaboration technique d’un bon nombre de membres du club m’était acquise.
D’abord, il a fallu réunir la matière première et pour cela communiquer très largement sur notre projet, rencontrer des familles qui parfois n’habitaient plus localement. Le bouche à oreille a fonctionné, le téléphone également. Un millier de photographies a été collecté, toutes ont été scannées en haute définition. Une équipe d’une douzaine de personnes, au sein du club, a sélectionné un tiers des épreuves et les a réparties dans onze thèmes différents. Puis a commencé un travail ingrat de restauration des images et d’optimisation pour les agrandir, passant souvent d’un format 6 x 6 ou 6 x 9 cm à un format 26 x 26 ou 24 x 36 cm. Parallèlement, les recherches se sont poursuivies pour légender toutes les photographies destinées à être présentées au public. Il faudra trente mois pour monter cette impressionnante exposition en hommage à nos prédécesseurs, photographes anonymes témoins de leur temps !
Chemin faisant, l’intérêt iconographique de ce reportage, qui met en valeur la manière de vivre dans notre commune au XXe siècle, nous a paru suffisamment singulier pour ne pas laisser tomber cette œuvre d’historien dans l’oubli, sitôt la clôture des expositions. C’est ainsi que le projet de sauvegarder cette mémoire à travers une belle édition a pu voir le jour à son tour. Pour rendre cet ouvrage abordable à tous, les membres du P.C.C.O. se sont remis au travail pour en réaliser eux-mêmes la mise en pages.
Et c’est ainsi, qu’à l’occasion de son 40ème anniversaire, le P.C.C.O. a pu présenter, dans cinq lieux différents dans la ville, sa « Chronique Offranvillaise du XXe siècle » : 320 photographies scannées, restaurées, agrandies, légendées, montées sous marie-louises et présentées sous cadres 40 x 50 cm et 50 x 60 cm. Collection réalisée à partir d’un millier de clichés originaux prêtés par les habitants d’Offranville, couvrant la période 1890 à 2010. Le livre Chronique Offranvillaise du XXe siècle, 192 pages imprimées en quadrichromie, couverture brochée et pelliculée, regroupant les 320 photographies des 11 thèmes des expositions, était disponible sur chaque site au prix de 30 Euros.
Mais, traditionnellement, nos grandes manifestations quinquennales présentent deux temps forts : l’accueil d’un photographe professionnel et la présentation des meilleures photos inédites du club réalisées lors des cinq années écoulées. Nous avons donc invité, cette année, Bruno Calendini qui nous a proposé son exposition phare « Sauvages – Portraits animaliers » : un travail en noir et blanc, traité en tons sépias, sur la faune africaine qui dénote une approche originale, écoutons-le : « Dans l’Okavango, puis dans d’autres régions d’Afrique, j’entrepris de réaliser des portraits animaliers avec des techniques photographiques modernes, mais en recherchant le rendu sépia des instantanés d’autrefois. Une démarche qui se voulait avant tout esthétique, mais aussi un moyen de rappeler encore le déclin annoncé des grands sanctuaires sauvages. » Une quarantaine d’images format 80 x 120 cm et 50 x 70 cm.
Quant aux membres du Photo-Ciné-Club Offranvillais, leur « Spicilège d’Émeraude » comportait une sélection de 130 images montées sous cadres 40 x 50 cm. De quoi ravir les plus difficiles.
Ces trois grandes expositions regroupées sous le titre « Persistance rétinienne » ont offert aux amoureux de belles images trois à quatre heures de balade dans le temps et l’espace… à la recherche du temps perdu.
Jean-Jacques Dejeunes,
Président du P.C.C.O.
Vignette : 1949 - Jean-claude Dupuis et le coq de l'église

