© Catherine Gfeller, les Dérangeuses
CRAC Languedoc-Roussillon 26 quai Aspirant Herber 34200 Sète France
En mouvement, trépidante, effervescente: équipée d’une caméra et d’un microphone, l’artiste sillonne la ville et la campagne, se mêle à la foule et à la circulation, voit ses images réfléchies dans les fenêtres de bus et les vitrines, puis transperce des murs pour palper les espaces cachés où habitent les hommes et passer au crible leurs effets personnels.
La recherche artistique de Catherine Gfeller porte sur la condition de l’homme moderne placé à l’intersection entre l’individu et la foule que semblent régir de merveilleux mécanismes. Le support sonore est traité avec le même soin que l’image. Seul le son permet d’associer au regard rebondissant sur les surfaces l’intériorité et la subjectivité de l’homme, son inconscient, son flux ininterrompu de pensées. A l’instar des caractéristiques visuelles, la bande son transmet elle aussi des articulations de densité variable – tantôt bruit de fond, tantôt sons purement corporels, tantôt réflexions intelligibles.
Catherine Gfeller appartient au genre d’artistes dont le travail consiste à élaborer une seule et grande œuvre, projet de toute une vie. Formé par les innombrables facettes des différentes œuvres individuelles, le travail se développe en circonvolutions et les sujets ne sont jamais épuisés, les mystères de l’existence humaine étant impénétrables.
Conçue en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition Pulsations reprend son geste artistique qui vit du rythme, de la fragmentation et de l’éternel retour – une vibration qui se déplace de l’extérieur vers l’intérieur «comme si le pouls de la ville s’invitait au cœur de notre existence» (Catherine Gfeller).
Pulsations est un regard rétrospectif, une immersion dans l’univers multiple d’une artiste qui, au gré de ses voyages et de ses lieux de vie. C’est cette opération subjective dont rendent compte ces photographies et installations vidéo, avec un certain goût de la simultanéité. Comme le souligne Paul Ardenne : «Il en va là d’un travail sur le mouvement de la vie. Il en va là de l’exposition, aussi, d’un espace¬temps qui échappe, qui enchevêtre les gestes, superpose mouvements et voix, sépare et unit d’un même tenant». Le regard de l’artiste, à première vue distant, se révèle être un geste participatif et multiple qui place le sujet au centre de l’attention.
Catherine Gfeller est née en 1966 à Neuchâtel. Après des études d’histoire de l’art et de littérature, elle a choisi les arts plastiques. En 1995, elle s’installe à New York, puis en 1999 à Paris. Depuis 2010, elle vit et travaille à Paris et à Montpellier.
Vignette: © Catherine Gfeller, les Dérangeuses