
© Guillaume Schneider
Après avoir travaillé dans l’édition Guillaume Schneider seconsacre à la photographie. Son travail photographique révèle une obsession pour la matière qu’il utilise pour appréhender différemment la réalité. Dans la série qu’il présente à Confluences, Macro-désirs, il s’est replongé dans ce papier, même si celui qu’il a choisi lui est étranger : celui des magazines. En effet, il porte un regard acerbe sur la mode telle qu’on nous la montre dans les magazines. Il ne s’agit pas de dénoncer la mode pour ce qu’elle est mais pour tout ce qu’elle nous renvoie de fausseté. À y regarder de près, les mannequins sont des créatures éthérées et médiatiques qu’on ne pourra jamais approcher que sur des pages de papier glacé.
Il y a quelque chose d’inquiétant, sinon d’angoissant, de constater que ces femmes sont tant retouchées pour nous plaire qu’elles n’existent qu’à peine. La seule manière de les approcher est de les regarder sur papier. Ici, elles sont tellement scrutées, et de si près, entre fascination et révulsion, avec un objectif macro, qu’elles se retrouvent déformées par les perspectives et déshumanisées complètement par la trame visible des points d’encre sur le papier. Ainsi, si l’on peut dire, le photographe est allé au fond de la surface des choses. Car il n’y a que ça : de la surface, une absence totale de profondeur. À l’arrivée, ces modèles ne sont que de l’encre sur le papier.
Le papier, tantôt lisse, tantôt plié, tantôt torturé, prend ici une dimension temporelle : surface fragile appelée à vite mourir, à vite être remplacée. En somme il s’agissait de montrer la futilité, l’aspect malsain, des rêves consuméristes que l’on nous vend. Le titre de la série fait référence à la fois à la technique utilisée (la macro-photographie) et au fait que, pour vendre au plus grand nombre, il faut provoquer un désir de masse.
Vignettte: © Guillaume Schneider