
© Carmen Dobre
Institut Culturel Roumain 1 rue de l'Exposition 75007 Paris France
Le mouvement furry est défini comme étant l’attrait pour les animaux imaginaires, mythologiques ou anthropomorphes, c’est-à-dire l’attrait pour les animaux possédant des caractéristiques humaines : usage de la parole, port d’habits, utilisation d’un style de vie humain, etc. Les personnes qui appartiennent au fandom furry sont appelées furs. L’expression fandom furry (de l’anglais fan, « admirateur », -dom, « appartenant à une idéologie », et furry, « poilu ») désigne un groupe de personnes intéressées par le mouvement culturel furry.
Ce terme est apparu dans le courant des années 1980. Le désir d’évasion de la réalité semble être la raison principale de s’inventer un personnage furry (fursona). L’existence quasi-exclusivement virtuelle de la communauté, son caractère de forte inclusion, la possibilité de jouer un personnage constituent un exutoire des sentiments d’inadaptation et de solitude. Carmen Dobre, jeune photographe roumaine, réalise ici une étude photographique et anthropologique de cette communauté à travers l’Europe.
Les Furries ou Furs sont une communauté élective basée sur l’idée d’une connexion (avec différents degrés d’intensité) avec un ou plusieurs animaux préférés. En principe, cette connexion se manifeste par la création d’un personnage anthropomorphe (fursona) sous la forme d’un costume d’animal, dessiné sur papier ou tout simplement imaginé. Le fursona peut être un objet d’identifi cation ou peut seulement indiquer que l’individu en cause est fan de l’art anthropomorphe ou qu’il recherche un endroit où il/elle peut trouver des amis.
(détail) © Carmen Dobre
La communauté peut être caractérisée comme virtuelle, puisque la plupart des interactions entre les furs ont lieu en ligne, sur des forums, chat, sites de jeux de rôle ou Second Life. Il existe aussi une certaine interaction face-à-face, pendant des conventions ou des réunions périodiques. La plupart des membres sont des jeunes hommes d’une vingtaine d’anées. La communauté est très ouverte à tous ceux qui souhaitent s’y joindre ou assister aux réunions. Tout de même, un certain nombre d’articles négatifs dans la presse a accru la susceptibilité des furries envers les journalistes, chercheurs ou artistes qui ont voulu les étudier, photographier ou filmer. S’identifier avec son fursona est la motivation principale dans le fandom furry*. Des trente-neuf cas étudiés jusqu’à présent par Carmen Dobre, seulement sept ont affi rmé ne pas du tout s’identifi er avec leur fursona.
De ces sept, deux furries sont nouveaux au fandom et ne peuvent pas encore dire comment leur personnage va évoluer avec le temps. L’un d’entre eux souffre d’une forme sévère d’autisme et a rejoint la communauté en raison de son fort caractère d’inclusion. Les quatre autres déclarent chercher un milieu où ils peuvent trouver plus d’amis.
Katia Danila, commissaire général des expositions
Vignette: Détail, © Carmen Dobre