Vignette : © Diana Thorneycroft
La maison rouge 10 bd de la Bastille 75012 Paris France
Winnipeg. Une culture ? Une personne ? Un rituel ? Un animal ? Qu'est-ce que c'est, Winnipeg ? Ce titre d'exposition énigmatique suscite bien des interrogations.
Winnipeg est la petite capitale de la province Manitoba, au nord du Canada, loin des grandes villes. Un lieu isolé, à huit heures de trajet de la grande ville la plus proche. Winnipeg – une ville qui ne donne pas l'impression d'être digne de beaucoup d'attention.
Donc, pourquoi Winnipeg ? Winnipeg est un melting-pot, un lieu de rendez-vous de milliers de cultures, affublé du sobriquet de « Chicago du nord ». La plus grande partie des Aborigènes du Canada en sont issus. Ici habitent également des Russes, des Chinois, des Grecs, des Polonais, des Italiens...Une culture bariolée, comme en témoignent les salles d'exposition de la maison rouge à Paris, composées d'innombrables médias, arrangements hétéroclites aux effets variés.
En entrant dans l'installation Feels like home, on parcourt les divers éléments regroupés sur ses parois : photos, peintures, dessins, collages, cartes postales, coupures de presse... Explorant ainsi les multiples points de vue d'artistes variés.
Un principe maintenu tout au long de l'exposition. Des sculptures, des collages, des gravures sur bois, des installations de video, des peintures et des brouillons sont présentés d'une grande variété de manières à travers les différentes salles. Il s'agit des impressions diverses et personnelles des artistes et de leur façon d'aborder et d'utiliser l'art. L'art qui aide les habitants de Winnipeg à dominer l'ennui. L'art avec lequel ils pensent aux villes polarisantes d'Amérique. Mais avant tous l'art qui laisse de la place à l'interprétation.
Après avoir traversé une installation vidéo géante, on atteint la cave et son lot de sujets « tabous », tous datant d'après 1980 ; homosexualité, nudité, parties génitales... Des sujets autrefois tabous, comme en témoigne les salles du haut et les œuvres des années 1950-60 qu'elles contiennent.
Malgré la grande diversité et le relatif désordre de l'exposition, beaucoup de travaux gardent en commun un rapport fort à l'abstraction, à des motifs déroutants et des représentations déformées de l'humain, ce qui fait un des fils rouges de l'exposition.
En sortant la Maison Rouge, on a vu beaucoup – Peut être un peu trop.
Mattea Weihe
La maison rouge inaugure à l’été 2011, un nouveau cycle d’expositions consacré aux scènes artistiques de grandes métropoles périphériques. La première ville mise à l’honneur sera Winnipeg, capitale du Manitoba (Canada).
Winnipeg signifie en langage Cree « eau boueuse ». Loin d’être englués par un tel nom, beaucoup d’habitants de la ville ont l’esprit créatif. Terre natale d’une jeune génération d’artistes reconnus, comme Marcel Dzama et la Royal Art Lodge, Kent Monkman, le réalisateur Guy Maddin et tant d’autres, la ville fut aussi le berceau du mouvement «Prairie Surrealism» (Surréalisme des prairies), de figures historiques canadiennes telles qu’Ivan Eyre et d’artistes influents comme par exemple le photographe spiritualiste J.G. Hamilton. La création de cette région tire autant son inspiration des grandes prairies du Nord du Canada, autrefois peuplées des indiens Crees et Métis, que de la mélancolie teintée d’humour des immigrants qui se sont installés dans la Province tout au long du XIXe et du XXe siècle. Placée aux confluences de la rivière rouge et de la rivière Assiboine, la fourche de Winnipeg fut pendant plusieurs siècles le théâtre d’échanges commerciaux entre les peuples aborigènes. A l’arrivée des migrants européens, la ville resta un important centre d’échanges jusqu’à la construction du canal de Panama, en 1914, qui dévia le transport des marchandises vers le sud.
Le dynamisme culturel de Winnipeg lui permet néanmoins de conserver son caractère attractif. La ville accueille le premier ballet professionnel du Canada. Elle se dote plus tard d’un musée d’art municipal, d’une compagnie de danse contemporaine et d’un institut d’art contemporain, le Plug In ICA. Winnipeg est aussi la ville de certaines personnalités comme le célère théoricien des médias, Marshall McLuhan, qui aime à rappeler que Winnipeg est son « chez lui ». Le musicien Neil Young y grandit lui aussi et écrit l’une de ses premières compositions à la Kelvin High School à Winnipeg. AA Bronson et Felix Partz y réalisent leurs premiers travaux avant de s’installer à Toronto pour y créer General Idea. Les membres du groupe canadien Indian Group of Seven s’y rencontrent aussi et commencent leur collaboration à Winnipeg dans les années 1970, se référant au Group of Seven, célèbre groupe de peintres paysagistes canadiens travaillant sur le motif au début du XXe siècle.
© Shawna Dempsey
Au-delà d’une exposition de groupe, My Winnipeg est une tentative de cerner un espace spécifique de création à la lumière d’un large corpus d’œuvres témoignant de la multiplicité des médiums employés par les artistes winnipegois (peinture, vidéo, performance. installation, photographie). Arts visuels, cinéma, musique, mais aussi histoire, sociologie, économie et même météorologie seront convoqués.Afin de présenter un large panorama de la création artistique de Winnipeg, l’exposition se construit à la manière d’un ouvrage collectif, en une série de chapitres commandés à différents « auteurs », artistes et commissaires, qui présentent les différentes facettes de cette scène jeune et dynamique.
Vignettes : © Diana Thorneycroft, la maison rouge