© Nicola Lo Calzo
Alinari Florence Largo Fratelli Alinari, 15 I-50123 Florence France
Le Musée National Alinari de la Photographie poursuit sa programmation d’art photographique et présente Morgante, une exposition photographique de Nicola Lo Calzo, un artiste de premier plan, émergeant sur la scène photographique internationale. Un événement qui fait partie du calendrier de Pitti Immagine Uomo 80. L’exposition présente 40 images de son projet intitulé Morgante, accompagnées par 20 images de la série The Other Family, qui représente un prologue au projet lui-même.
Morgante relate l’histoire d’individus liés entre eux par un commun dénominateur : êtres nains. Favori de Cosme 1er de Toscane, au XVIe siècle, Morgante, éponyme du poème de Luigi Pulci, surnommé ironiquement le Géant, , est le plus célèbre des cinq nains de la cour des Médicis à Florence. Ce nain, fut toujours représenté dans le goût de l’époque selon l’iconographie du « monstrum ». Des tableaux de Bronzino, en passant par les sculptures de Giambologna, le nain Morgante, déshumanisé et dépouillé de son individualité, devient progressivement une idée, un archétype, la loupe à travers laquelle la « famille humaine » regarde la diversité au fil des siècles. À partir de cette correspondance littéraire et iconographique, l’Afrique centrale constitue pour le photographe l’occasion de nous délivrer une galerie inédite de portraits sur l’univers des personnes de petite taille, une catégorie des personnes complètement marginalisées dans certains pays. Souvent associées à la sorcellerie, les personnes affectées par le nanisme vivent dans un état de semi clandestinité, quotidiennement confrontées à toute sorte de violence psychologique. Le photographe choisit de photographier ses sujets dans leur vie privée, à la maison, au travail ou dans la rue : dans les images de Lo Calzo, Fidel, Kwedi, Babel ne sont pas victimes de leur taille. Au contraire, ils sont protagonistes de la scène représentée autant que de leur vie privée. Lo Calzo met en scène une représentation de la diversité comme valeur et auto acceptation : chaque sujet photographié fixe l’objectif, comme pour chercher le regard de l’observateur. Il est maître de la scène, acteur et interprète de soi-même. Dans certaines sociétés encore polarisées autour du concept de normal et anormal, bien et mal, tradition et modernité, « Morgante » se veut une invitation à briser cette panoplie du « monstrum » et envisager une pleine reconnaissance de la diversité.
© Nicola Lo Calzo
« The other family » est un projet autobiographique, axé sur l’idée de la diversité et plus largement de la grande famille humaine (The Family of Man est le titre de la célèbre exposition organisé par Edward Steichen au MoMA en 1955). Il s’agit d’un ensemble des portraits d’hommes, de femmes et d’enfants que le photographe a progressivement élargi à son entourage amical et qui aujourd’hui constitue son univers intime et personnel. En référence à la grande tradition du portrait, qui va de August Sander à nos jours, et, à travers une réappropriation subjective et personnelle du néoréalisme italien et de l’œuvre de Pasolini, Lo Calzo construit par images le portrait d’une humanité éclectique et sans frontières, insistant sur la diversité de chacun mais également sur l’appartenance à une seule grande famille. Comme disait Diane Arbus : « Les monstres sont nés avec leur traumatisme. Ils ont déjà passé leur test. Ils sont des aristocrates». Mais ici les aristocrates ne sont plus des « monstres ». Il s’agit de personnes, plus ou moins intégrées au tissu social, que, par naissance, par choix, ou par accident, sont et demeurent différentes. À ce propos, le photographe nous invite à une double réflexion : sur la relation complexe et souvent irrésolue entre nous et l’autre, et, à la fois, sur la perspective d’une diversité comme valeur capitale et fondatrice de la société. Pour Nicola Lo Calzo c’est la dignité du sujet qui garantit la légitimité de la photographie et celle-ci repose non seulement sur un choix idéologique, et esthétique mais aussi sur une déontologie personnelle très forte.Voici que les portraits de Ulrich, de Vyva ou d’ Elie, comme tous ceux des autres protagonistes de cette série deviennent expression d’une diversité particulière et individuelle, et parallèlement témoignage d’une réalité complexe et multiforme.
Nicola Lo Calzo est un photographe italien, né à Turin en 1979. Il vit et travaille à Paris. Après une formation en architecture, il est initié à la photographie dans l’atelier de Enzo Obiso d’où il démarre sa recherche artistique. Sa photographie s’inscrit dans une démarche documentaire à la frontière entre journalisme et photographie d’art, avec une attention accordée aux minorités et aux droits de l’homme. En 2008, son travail l’emmènera à collaborer avec le Conseil Général du Val-de-Marne. De cette rencontre aboutira le travail « Inside Niger », une galerie de portraits sur les travailleurs et agriculteurs du fleuve Niger. Le projet sera exposé au Festival de l’eau en 2009 et à travers plusieurs Festivals en France et à l’étranger. Parmi ses expositions les plus représentatives, figurent le Festival International de photographie Les Rencontres d’Arles en 2009, le Musée de Confluences à Lyon en 2010 et le Festival de photojournalisme à Atri en 2010. Plusieurs prix et nominations ont honoré son travail, notamment, le Magnum expression Award 2009, le Grand Prix Sfr 2010 et le Prix HSBC pour la photographie 2011.