© Reto Albertalli
Dix ans après le début de la seconde Intifada, le photographe suisse Reto Albertalli se rend dans les Territoires occupés et nous livre une série de portraits intimes d’anciens combattants au-delà des voiles entourant le conflit israélo-palestinien.
Au printemps 2010, Reto Albertalli se rend quelques mois au nord de la Cisjordanie dans le camp de réfugiés de Jénine, bastion d’une résistance violente, particulièrement lors de la deuxième Intifada. Il est invité au Freedom Theater par le comédien et réalisateur israélo-palestinien Juliano Mer Khamis - assassiné en avril dernier - pour donner des cours de photographie à des jeunes filles. Cette opportunité lui ouvre des portes insoupçonnées et il partage alors le quotidien des protagonistes d’une lutte violente, notamment d’anciens combattants des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa.
Réalisé au cours du printemps 2010, la série présentée à FOCALE traite de la lourdeur lente et fatigante de l’occupation. Témoin de scènes de vie du quotidien, le photographe parvient à percer les frontières imaginaires, physiques et idéologiques imposées par la situation pour envisager un questionnement des contours de ce que signifie être humain. Au-delà de la haine et du fondamentalisme, il aborde la société palestinienne occupée par ce qui fait le quotidien des individus qui la composent. Entre résignation, égarement et peur, ces rencontres viennent dire le sens du provisoire et l’incertitude quant à l’avenir d’une minorité qui se radicalise.
Dans un style épuré et contemporain, Reto Albertalli met en lumière cette occupation à travers une série de portraits noir/blanc et nous propose une vision du conflit israélo-palestinien qui dépasse le cadre strict et parfois limitant du photojournalisme. Attentif à ce qui se déroule à la périphérie du sujet, son travail nous amène à nous débarrasser des clichés et autres a priori véhiculés par les médias traditionnels. En cherchant derrière les façades, les regards et les gestes, le photographe évite les pièges du spectaculaire. Les artifices de l’imagerie de guerre sont laissés de côté et la peau est préférée pour montrer les cicatrices intérieures. Derrière les masques, « Rencontres en Palestine » est une invitation à regarder dans les yeux de l’autre - se regarder peut-être - et dépasser la distance froide du traitement que nous livre les médias au sujet de la situation palestinienne.
Reto Albertalli est né en 1979. Photographe suisse indépendant, il a remporté cette année le deuxième prix de la catégorie World du Swiss Press Photo. Précédemment, il a notamment gagné le Prix des jeunes talents VFG, fait trois fois partie de la Selection Swiss Photo Award et reçu une mention d’honneur du Prix Yann Geffroy attribué par l’agence Grazia Neri qui l’a représenté. Il est membre de l’agence Phovea.
© Reto Albertalli