© Olivier Damien
Centre Permanent de la Photographie Maison Chazaly 48310 Fournels
Cette exposition n'est pas que le compte rendu imagé d'une mission humanitaire menée au Cambodge entre janvier et mars 2011. Elle se veut également le témoignage d'un drame maintenant oublié (du moins en occident) mais largement présent dans les esprits des Cambodgiens. Afin de décrypter au mieux les photos qui sont présentées ici, il est en effet nécessaire de se rappeler ce que fut, dans les années 70 et 80, l'histoire de ce petit pays du sud-est asiatique.
En 1970, le roi du Cambodge, Norodome Sihanouk, est renversé par celui qui deviendra le maréchal Lon Nol, dirigeant de la République Khmère. Dés lors, une guerre civile de 5 ans commence entre les partisans de Lon Nol et les Khmers rouges, alliés des vietnamiens. Cette guerre durera jusqu'en 1975. Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent dans la capitale du Cambodge, Phnom Penh, et proclame « l'année zéro » de leur régime. Ils évacuent la capitale de sa population ainsi que celle des principales grandes villes du pays. Ils transforment le Cambodge en un immense camp de concentration. Tous les habitants des villes, hommes, femmes, enfants, vieillards, malades et infirmes, sont contraints de rejoindre à pied la campagne pour y travailler comme des esclaves. Ils travaillent de 12 à 15 heures par jour, dans les rizières ou sur les grands chantiers que les Khmers rouges ont décidé de mettre en œuvre. Toute désobéissance, toute faiblesse, entraîne une exécution immédiate.
On estime qu'entre avril 1975 et janvier 1979, date de l'entrée de l'armée vietnamienne au Cambodge, entre 1,4 et 2 millions de Cambodgiens furent massacrés. Il fut dit à cette époque qu'il n'y avait plus aucun enfant de moins de 3 ans vivant dans ce pays.
Pour témoigner de ce drame, vous pourrez voir dans cette exposition quelques photos prises dans ce qui fut la prison de haute sécurité « Tuol Sleng ». Située en plein Phnom penh, Pot Pot, dirigeant sanguinaire et principal responsable du régime Khmer Rouge, avait décidé de transformer le lycée Tuol Svay Prey en centre de détention. Rapidement cette prison devint un camp de concentration (pudiquement dénommé S-21) où furent massacrés entre 17000 et 20000 personnes. Là encore aucune distinction ne fut faite entre hommes, femmes, enfants ou vieillards. Au plus fort de « l'activité » de cette prison on estime que 100 personnes y perdaient la vie chaque jour.
Le régime Khmer rouge ayant trouvé ses victimes, en particulier, dans les classes éduquées et intellectuelles de la population Cambodgienne (porter des lunettes ou savoir lire et écrire équivalait à une condamnation à mort), le Cambodge mit des années à se relever de cette dramatique expérience. Aujourd'hui encore, le Cambodge reste un des pays les plus pauvres de la planète et bien des secteurs d'activités sont très en retard. L'éducation, la santé, restent des points faibles et de nombreuses ONG tentent d'aider ce pays à se redresser. Le quotidien continue cependant d'être dominé par la survie des populations au jour le jour.
Mais à côté d'un Cambodge qui a versé beaucoup de larmes, il y a maintenant un pays qui ne demande qu'à rire. Les atouts ne manquent pas à ce pays, à commencer par sa population, pour que le redressement entrepris porte un jour ses fruits. Certes, il faudra encore du temps pour qu'une certaine forme de prospérité revienne mais les efforts de chacune et de chacun et surtout une jeunesse omniprésente (50% de la population a moins de 16 ans) sont le gage d'un avenir meilleur.