
© Elise Ortiou Campion
Centre Permanent de la Photographie Maison Chazaly 48310 Fournels
Imprégnée depuis toujours par la danse classique et contemporaine, son travail s’articule autour de la notion de mouvement. Formée à l’école des Beaux-Arts d’Angers, puis de Rennes, elle entame une recherche sur la représentation du corps et sa mise à l’épreuve, en utilisant la photographie comme trace de différentes performances.
En 2002, elle vit une année entre le Mexique et le Guatemala, où elle utilise la photographie non plus comme la mémoire d’une action mais comme une technique dont les qualités plastiques lui permettent de jouer avec les composantes de l’image, comme une oeuvre picturale. Elle réalise une série de tableaux photographiques intitulée «Songes», une recherche sur la trace du corps en mouvement, qui évolue en fonction de ses déplacements. Sans mise en scène autre que celle du corps, elle dirige le geste et l’intention à travers des décors empruntés sur son passage. Le mouvement et le déplacement peignent avec la lumière, en fonction du temps qui passe. C’est une rencontre, une intention spontanée où elle réalise une transfiguration spatio-temporelle, à la recherche d’une vérité. Ce sont des scènes nocturnes où seule la lumière artificielle déjà présente sur les lieux est utilisée pour donner à voir la présence fantomatique et évanescente du corps en mouvement.
En 2005, voulant appréhender d’une autre manière le mouvement et s’approcher du nomadisme, elle part pendant 6 mois sur les routes d’Espagne, Maroc et Mauritanie et cherche à matérialiser l’impalpable. Elle joue avec l’aléatoire pour maîtriser la trace du corps et ses métamorphoses, en réalisant de nouvelles mises en scène et poursuit la série «Songes», en créant un nouveau chapitre nommé «Ahlam».
Après avoir interrogé le corps et son mouvement au sein de décors rencontrés lors de différents déplacements géographiques, elle se focalise sur un mouvement précis : celui de la suspension. Elle obtient une bourse de la Région Languedoc Roussillon en 2009, pour réaliser «Instants Suspendus» qui utilise le patrimoine de la ville de Montpellier, où elle réside, comme décors. Elle crée de nouveaux tableaux oniriques où le corps peint, avec la lumière, cet « instant suspendu » entre l’impulsion et l’envol. La qualité et l’énergie de l’intention laissent apparaître une métamorphose, une élévation, un univers flottant qui laisse entrevoir le temps dans sa fugacité ; des scènes qui suggèrent le passage et l’éphémère, le transitoire et la fragilité.
Toujours dans une démarche plasticienne, où se croisent une approche chorégraphique, esthétique et picturale, elle souhaite aller au delà de l’onirisme et des tableaux où elle met mon propre corps en scène, en intégrant une dimension de style documentaire, et briser les frontières entre la fiction et la représentation du réel. Ainsi, par l’étude du mouvement, elle réalise actuellement la série «W». Elle met en scène des femmes de tous âges et de tous horizons, utilisant leur espace domestique comme décor. Elle les emmène et les guide dans le mouvement pour qu’elles expriment une certaine dualité...