© Sylvie Goussopoulos
Centre Permanent de la Photographie Maison Chazaly 48310 Fournels
Quand on voit ces gros bateaux amarrés vers la gare Orsetti à Sète, on se surprend parfois à rêver de départs…
Et puis ce jour arrive.
Sète s’éloigne doucement. Quand on ne voit plus du tout la côte commence alors une autre vie. Elle va durer 36 heures. 36 heures de Maroc en plus comme le dit la publicité ! On visite le bateau, On croise des gens. Certains errent à la recherche d’une occupation. D’autres, sereins, regardent au loin une terre qui s’éloigne, rêvent d’une autre terre qui se rapproche. On sait très bien où l’on va mais pendant ces quelques heures on va l’oublier, on ne sera plus d’un côté ni de l’autre. On sera dans cet ailleurs. La mer.
Vitesse de croisière 18 nœuds. Un énorme cylindre tourne à 360 tours. Soit plus de 10 fois la vitesse d’un disque au temps du vinyle. La musique n’est pas la même. Une sorte de souffle chaud et sec.
Le bateau, ce fabuleux trait d’union entre les deux rives avance à son rythme. Sète et Tanger villes-miroirs.
Un homme s’interroge : « peut-être qu’avant elles formaient une seule et même cité ? Puis la mer les a séparées, éloignées et maintenant, coupée en deux, la ville aux deux continents se contemple sur ses eaux jumelles… » Un commissaire de bord confie qu’il ne voulait vivre ni en Europe, ni au Maroc, attaché aux deux continents il a demandé à Dieu une solution et voici son rêve exaucé, il vit entre les deux rivages…Un sourire aux lèvres, il rajoute « la mer… c’est notre mère ! » Le détroit s’amorce. Tanger apparaît, souriant à Sète qui lui envoie ce nouvel arrivage ; les passagers s’échappent vite à pied ou en voiture, en moto ou en camping-car et se dispersent dans la ville après avoir échangé des numéros ; on promet bien sûr de se revoir…
Plus de 100 000 navires franchissent le détroit de Gibraltar chaque année. Sète-Tanger, Tanger-Sète, inlassable rituel dont on ne revient jamais tout à fait indifférent…
Photographe autodidacte, Sylvie Goussopoulos vit et travaille à Montpellier. Le projet « Sète-Tanger, Tanger-Sète, la traversée » initié par le collectif Photosensible en partenariat avec les compagnies maritimes Comanav et Comarit présente deux séries de photographies dont l’une prise par Philippe Fourcadier. Ce travail sera exposé prochainement dans la ville de Tanger.